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CHERCHEZ HORTENSE

Un film de Pascal Bonitzer

Et la tendresse bordel !

Damien Hauer a des relations difficiles avec tout le monde. Avec sa femme metteur en scène, Iva, qui flirte avec le comédien principal de sa pièce. Avec son fils, Noé, trop lucide pour son jeune âge. Avec son père Sébastien, conseiller d’Etat, qui n’a jamais de temps pour lui. Il ne se sent bien qu’avec Zorica, une sans-papier serbe qu’il a pour mission de faire régulariser…

Cinéaste prolifique mais discret, ancien rédacteur des Cahiers du cinéma, Pascal Bonitzer est davantage connu comme auteur (il a notamment signé les scénarios de « Les Sœurs Brontë », « La Belle noiseuse » et « Ma Saison préférée ») que comme réalisateur. Pourtant, avec son septième long-métrage « Cherchez Hortense », il pourrait bien gagner une notoriété nouvelle auprès d’un public de non initiés. D’autant qu’il s’offre là un casting trois étoiles, mené par un Jean-Pierre Bacri en grande forme.

Hortense, c’est le nom du haut fonctionnaire que Damien doit à tout prix approcher pour sauver Zorica (interprétée par Isabelle Carré), que l’Etat français peut expulser du jour au lendemain. Un homme qu’on ne voit que quelques minutes, constituant plus le symbole de la spirale infernale dans laquelle Damien s’engouffre, qu’un véritable personnage clé de l’intrigue. Le titre est trompeur, donc, mais pas autant que le film lui-même, plus surprenant qu’il n’en a l’air.

« La vie semble compliquée, mais en fait elle est simple », semble vouloir nous dire Pascal Bonitzer. Aussi, il n’hésite pas à minimiser les nombreux problèmes de son personnage (un père inaccessible, une vie de couple qui s’érode, un problème de sans-papiers à régler), pourtant bien réels, pour se concentrer sur l’essentiel. Et si le malaise de Damien est palpable au début, notamment dans les tête-à-tête avec son père (l’excellent Claude Rich), sa rencontre avec Zorica balaie tout sur son passage, permettant ainsi de recentrer le film sur sa quête (trouver Hortense !).

Dès lors, les scènes se succèdent de façon assez abrupte, laissant de côté personnages secondaires, à peine esquissés, et intrigues connexes. Le film enchaîne les ruptures de style et de ton, alternant humour potache (cf. ce serveur Japonais un peu trop serviable), situations dramatiques et moments de poésie (on se souviendra des jolies répliques entre Bacri et Carré). Étonnamment, de ce chaos général se dégage une petite ambiance plaisante, qui fait oublier les inégalités du film. Quant à Jean-Pierre Bacri, on le retrouve avec plaisir dans le registre comico-sensible qu’on lui connaît bien. Particulièrement inspiré, il illumine le film de son humilité.

Sylvia GrandgirardEnvoyer un message au rédacteur

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