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CEUX QUI RESTENT

Un film de Anne Le Ny

La météo, rien que la météo

Bertrand et Lorraine se croisent dans un hôpital, leurs conjoints sont tous 2 atteints de cancers. L’un et l’autre essayent à leurs manières de faire face à la maladie, leurs angoisses et leurs solitudes. Ensemble, ils vont tenter de s’épauler pour traverser cette épreuve, et s’apporter la tendresse dont ils manquent…

C’est avec une grande pudeur qu’est décrite la solitude des 2 personnages de cette magnifique histoire, dont la banalité est transcrite avec une rare délicatesse. Toujours présente, mais jamais intrusive, la caméra nous montre le quotidien de 2 êtres, aimants, que le long combat affaiblit peu à peu. La douleur physique est dissimulée, car évidente, mais les sentiments, l’inexplicable et l’inexprimable, est palpable dans chaque plan. Des plans fixes soignés, une bande son simpliste et une sincérité dans chaque personnage, là tient le sublime de ce film.

Il est difficile d’imaginer qu’une personne n’ayant jamais vécu de près ou de loin, une telle épreuve, puisse faire exprimer à ces 2 protagonistes autant de justesse dans leurs souffrances et leurs angoisses. Car en effet, si l’un l’exprime à travers ses exubérances et son apparente joie de vivre, comme le fait le personnage de Lorraine, l’autre, son parfait opposé, fait preuve de force et d’abnégation. Mais leurs chagrins restent les mêmes, et c’est grâce à ceux-ci qu’ils commencent à exister l’un pour l’autre, jusqu’à reporter tout l’amour dont ils sont privés, l’un sur l’autre.

Deux années après « La moustache », le couple cinématographique Lindon-Devos se retrouve pour incarner 2 personnages que tout sépare. Elle, légère et parfois vulgaire, femme libérée aux cheveux de feu, a des intentions de séduction évidentes. Lui, réservé et distant, se montre fort face à l’épreuve, notamment pour sa belle fille dont il a la charge depuis l’hospitalisation de sa femme et dont l’agressivité causée par la maladie de sa mère rend son combat encore plus pénible, et l’enferme dans une solitude familiale encore plus grande. Et pourtant, une réelle beauté se dégage de ce couple, qui nous prouve une nouvelle fois son alchimie filmique.

L’habileté d’Anne Le Ny réside également dans les moments de soulagement qu’elle offre à ses spectateurs, notamment lors de la visite de la sœur de Bertrand chez lui, où elle va manquer les premiers pas de son fils, car en train de sermonner son frère à propos de son attitude vis-à-vis de leur petite sœur.

Ceux qui restent sont ceux qui souffrent, mais le trésor de ceux qui restent réside dans l’amour qu’ils ont à donner.

Véronique LopesEnvoyer un message au rédacteur

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