CECI N'EST PAS UNE GUERRE

Ceci n’est pas une réussite

Deux amis essayent tant bien que mal de trouver leurs repères en pleine crise de COVID. Dans ce Paris désert, la question du lien aux autres trouve une résonance inattendue…

Des films traitant du COVID, il y en eut pour tous les goûts, de la grosse comédie américaine pas très inspirée (''La Bulle'') à la grosse comédie française pas très inspirée (''8 rue de l’Humanité'', ''Connectés''), en passant par des œuvres plus expérimentales (''KIMI'' de Steven Soderbergh, ''À l’intérieur'' avec un Willem Dafoe magistral). Ici, le métrage de Magali Roucaut et Éric-John Bretmel a pris la forme d’un documentaire pour revenir sur cet épisode si particulier du confinement. Mais il ne sera pas question de revenir sur les causes de l’épidémie ou de retracer les décisions gouvernementales (promis, le projet est garanti sans aucune apparition de Didier Raoult), la caméra du duo de cinéastes se contentant de capturer leur expérience intime et personnelle, l’empirisme plutôt que le pamphlet politique.

Si le film s’ouvre sur la voix du Ministre de l’Intérieur évoquant les différentes règles sanitaires à appliquer, la suite sera surtout une déambulation poétique au milieu d’un Paris désert, où quelques âmes également égarées croiseront le chemin de nos protagonistes. Profondément burlesque malgré la gravité de son sujet, le documentaire séduit par la personnalité d’Éric-John, mélange « ente Buster Keaton et Nanni Moretti », aussi bien hypocondriaque que gentiment barré, et donc forcément touchant. Entre des images à l’iPhone et celles d’un matériel plus professionnel, le métrage saisit des rencontres, des moments de vie, du lien humain à une époque où la rigueur voulait qu’on ne s’approche plus des autres.

Si certaines séquences sont marquantes, en particulier la discussion avec un professionnel des Pompes funèbres qui interroge la dignité de son métier dans une telle période, la portée de ''Ceci n’est pas une guerre'' se retrouve toutefois grandement limitée. Plus proche de la chronique amatrice que d’une véritable œuvre de salles de cinéma, le film ne s’élève jamais au-delà de son postulat, retraçant des angoisses par lesquelles nous sommes certes tous passés, mais dont le témoignage aujourd’hui semble terriblement anecdotique tant la pandémie a été traitée sous toutes les formes informatives et artistiques. Alors que nous avons fêté les cinq ans du premier confinement il y a quelques semaines, ces soixante-quinze minutes nous rappellent que tous les anniversaires ne méritent pas d’être souhaités…

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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