CE QUE CETTE NATURE TE DIT

Un film de Hong Sang-soo

Une comédie sociale sur les attendus et les prétentions

Synopsis du film

Donghwa, jeune poète de Séoul, est en couple avec Junhee depuis trois ans lorsque celle-ci lui propose pour la première fois de rentrer dans la maison de ses parents, située aux alentours d’Icheon. Là, dans cette grande maison, nichée dans un superbe jardin vallonné, il fera la rencontre successivement du père, de la sœur présente pour quelques jours et un peu déprimée, et enfin de la mère, lors du dîner…

Critique du film CE QUE CETTE NATURE TE DIT

Présenté en compétition au dernier Festival de Berlin, "Ce que cette nature te dit" est une nouvelle chronique quotidienne proposée par le prolifique metteur en scène coréen Hong Sangsoo, lui qui avait remporté là le Prix de la mise en scène pour "La Romancière, le film et le heureux hasard" et un surprenant Grand prix pour "La Voyageuse" avec Isabelle Huppert. Se déroulant sur une journée entière et une nuit, l’intrigue tournera autour du statut social des uns et des autres, et forcément, des différences de milieu entre artiste et famille aisée. Le jeune homme d'environ 35 ans se retrouvera ainsi mitraillé par les questions, tournant, notamment autour de son niveau de revenus et du métier, qu’il souhaite exercer, celui de poète, qui n’est en réalité autre que celui... de sa belle-mère.

Habitué d’un cinéma basé en grande partie sur l’improvisation et donnant souvent la sensation de pénétrer dans l’intimité de ses personnages, Hong Sangsoo apporte ici un peu plus de structure qu’à son précédent long, grâce aux quelques traits forts de chacun de ses personnages. Intelligemment construit autour des thématiques de la réussite, du mérite, du goût artistique de chacun, du talent (qui parfois « peut sauter une génération »), mais aussi de l’oisiveté, de la possession ainsi que des attendus des parents vis-à-vis de leur beau-fils, le récit, pour une fois, et cela fait exception chez l'auteur (dont les films sont souvent en deçà des 1h20), paraît relativement long. Avec quelques échanges amusants autour de la vieille voiture, que Donghwa s’acharne à conduire, autant qu’autour de l’aide que peut lui apporter son père, le film réjouit par la gêne régulièrement provoquée, volontairement ou non, ainsi que le caractère de piège de certaines questions.

Immersion douce amère, teintée d’une petite cruauté, dans une famille d’un autre milieu, "Ce que cette nature te dit" nous balade entre une colline (qualifiée de montagne) propriété de la famille, devenue riche jardin, un restaurant et un parc où trônent des pagodes, avant de revenir en intérieur à la maison, pour le dîner. On regrettera pour une fois la piètre qualité de la photographie (une marque de fabrique du cinéaste diront certains), le propos étant ici porté sur ce qu’inspire la beauté de certains lieux, jardins ou monuments, jamais réellement mis en valeur ici. Cependant le film amuse par la captation d’une bienveillance bourgeoise de façade et l’hypocrisie d’un personnage d’artiste incompris plutôt inventé. Au final, le métrage parvient, non sans efforts, à une conclusion des plus réussies, en forme de maline discussion, joliment dialoguée, entre les deux beaux-parents.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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