CE N'EST QU'UN AU REVOIR

Un film de Guillaume Brac

La conscience n’empêche pas l’inquiétude

Dans la ville de Die, des lycéens et lycéennes en internat vivent leur dernière année avant la fac et le départ pour d’autres horizons. La plupart espèrent pouvoir garder contact dans cette prochaine étape de leurs vies, mais certains ou certaines sont plus lucides que d’autres…

À l’internat les discussions se font vives, sur des préoccupations adolescentes (avoir des vêtements qui ne fassent pas trop SDF ou bohème…), sur l’avenir tout proche (l’espérance de garder le contact entre amies ou avec un petit ami, le refus d’une des élèves à Science Po)… Mais le jeu et la nécessité de se défouler prennent vite le dessus, les matelas servant de dominos dans les couloirs, où malgré la séparation supposée filles-garçons, la réalité des interactions entre les deux sexes prend vite le dessus. Guillaume Brac, remarqué avec "À l’abordage", capte le naturel de ces adolescent(e)s en dernière année de Lycée, leur donnant ponctuellement la parole en tant que voix-off ou au milieu du cadre, et captant leur belle énergie, et derrière les espoirs quelques inquiétudes liées au changement qui les attend et à leurs milieux et contextes familiaux différentsù la séparation a déjà parfois frappé.

L’une va s’installer avec sa mère dans un petit village de la Drôme, l’autre est consciente que son père s’est sédentarisé pour elle, lui qui aimait voyager, une autre rêve d’acheter une vallée avec des petites maisons en pleine nature, une autre évoque enfin la doulour de la disparition de soeur et ses rêves d’indépendance… Chapitré par prénoms, "Ce n’est qu’un au revoir" fait autant sourire qu’il apporte son lot d’émotion, dévoilant en filigrane la peur d’un futur anonyme (« on va devenir des étrangers ») ou en cul de sac (« on fonce dans le mur » au niveau climatique), et l’existence d’une conscience politique (les luttes collectives s’évoquent, une chanson zadiste s’esquisse…). Progressivement le film, passé par la section Acid l’an dernier, nous attache à ce petit groupe, aux personnages contrastés, pour mieux nous mener sur ce quai de gare, où il devront se résoudre à l’au-revoir du titre. Le pincement au coeur est alors bien présent, pour elles et eux, comme pour nous, spectateur.

Nota : Le film est suivi d'un court métrage intitulé "Un Pincement de Coeur"

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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