CARAVAN

Un film de Zuzana Kirchnerova

Le choix de rares moments de liberté

Synopsis du film

Ester passe des vacances en Italie chez une amie italienne, qui est en couple et a deux filles. Les deux femmes se sont connues il y a longtemps dans le sud, lors de récoltes de fruits. Mais la présence de son fils David, trisomique et autiste, auquel elle doit être en permanence attentive, devient problématique lorsque celui-ci saccage le salon, terrorisant les deux petites filles. Compréhensive, elle accepte de dormir dans le camping-car du couple, qu’ils aménagent rapidement pour eux deux. Mais elle surprend une conversation entre son amies et son mari et décide sur un coup de tête de partir avec le camping-car en direction du sud…

Critique du film CARAVAN

C’est du côté de la section Un Certain Regard du Festival de Cannes 2025, que l’on a pu découvrir un joli road trip, sorte d’échappée belle d’une mère bousculée par le fait que son fils, trisomique et autiste, grandisse, devenant notamment physiquement aussi fort qu’elle. Il faut dire que pour elle, éviter les moments gênants est devenu difficile (son garçon la main dans le maillot à la plage, avec une érection visible…) tout comme réussir à le calmer lors de crises est devenu presque périlleux. Et c’est par la rencontre avec une jeune femme libre, d’origine également tchèque, Zuza, l’une des rares personnes à ne pas prendre son fils de haut, que va arriver une certaine respiration.

La mise en scène de Zuzana Kirchnerova parvient d’emblée à incarner la douceur de l’été, entre une scène de réveil complice sous une moustiquaire et un passage à la plage. Elle donne corps aux difficultés de David, avec à la fois cette obsession pour les mains, potentiel seul contact avec la réalité, et sa manière de bloquer sur les surfaces ou éléments qui laissent passer la lumière : verre, rideaux, plastique, cheveux… Aňa Geislerovà incarne la mère, Ester, avec ce qu’il faut de doute ou d’épuisement dans le regard. En miroir, Juliana Olhová donne corps à Zuza, représentant par son dynamisme et sa folie, une part d'elle-même qu'elle ne peut plus se permettre d’être. Dans cette parenthèse enchantée, la seconde va apporter ce qu’il faut d’air à la première, lui permettant de se laisser aller à ses propres désirs.

Placé sous le signe de la complicité et l’inclusion d’un David (David Vostrčil, jeune acteur, non autiste) qui grandit mais n’a pas les codes de l’âge adulte, le scénario apporte ce qu’il faut d’humour (la scène de l’incruste dans une plage privée est un régal) dans un esprit de libération salvatrice, plombé par le comportement imprévisible de l’adolescent. Une œuvre délicate et ensoleillée, en forme d’échappée belle, qui évite au final tout angélisme pour se mieux souligner l’amour inconditionnel d’une mère.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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