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LA CAMÉRA DE CLAIRE

Un film de Hong Sang-soo

Une petite parenthèse cannoise d’Hong Sang-soo

Claire, une enseignante dans un lycée parisien, descend à Cannes pendant le festival pour soutenir la projection du film d’une amie. Elle aime écrire des poèmes et prendre des polaroïds des gens qu’elle croise. Pendant ce temps, Man-hee qui travaille pour une société de production coréenne apprend par sa supérieure qu’elle est licenciée pour des raisons obscures. Comme elle ne peut pas changer la date de son billet retour, elle doit attendre la fin du festival pour rentrer en Corée…

La caméra de Claire film image

Surnommé fréquemment en Europe le « Rohmer coréen », Hong Sang-soo nous offre aujourd’hui un petit bonus cannois dont le titre n’est pas sans rappeler l’un des plus beaux « contes moraux » du cinéaste français. Pourtant, cette caméra de Claire (même si elle est au centre d’un jeu de séduction) est loin d’être une référence au « Genou » du même nom, car le film rend avant tout hommage à une autre Claire : Claire Denis. La réalisatrice française et Hong Sang-soo entretiennent, en effet, une admiration mutuelle.

Présenté à Cannes en parallèle du « Jour d’après » son film en compétition, « La Caméra de Claire » propose comme de coutume une nouvelle variation des états d’âme de son réalisateur. Le seul personnage masculin est ainsi lui même réalisateur et Jung Jin-yeong qui joue le rôle, ressemble quasiment trait pour trait au cinéaste coréen. Ce personnage éclairé et indécis est l’amant de sa productrice et tombe dans les bras de l’assistante de celle-ci dès qu’il a trop bu. Il profite de son aura pour être au centre des attentions des femmes qui l’entourent et dès que celles-ci lui reprochent son comportement, il s’emporte, réprouvant à Man-hee sa beauté, alors que lui, ivre, est dans l’incapacité de résister à une telle tentation.

Cette mauvaise foi machiste autant que maladroite est provoquée par la présence inopinée d’un quatrième personnage : Claire. Pour mieux exprimer son rôle de catalyseur dans ce remue-ménage à trois, Hong Sang-soo l’exclut d’emblée du jeu amoureux en la présentant comme une femme en deuil de son grand amour. Elle butine de personnage en personnage pour disséminer des révélations au gré des ses polaroids. Son petit côté poético-mystique la rend attachante et inspire confiance auprès de tous les protagonistes de cette histoire finalement assez banale. Ainsi se joue cette petite parenthèse cannoise d’Hong Sang-soo. Une œuvre secondaire qui vient alimenter la soif exponentielle de tourner d’un cinéaste qui, même s'il traite toujours des mêmes sujets, arrive constamment à renouveler son art par la forme qu’il lui donne.

Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur

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