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LA CAMARA OSCURA

Roman photo

Fille d’immigrés juifs russes, Gertrudis naît en Argentine à la fin du XIXe siècle. Complexée par un physique disgracieux, elle refuse de se faire prendre photo et vit repliée sur elle même. Mariée sans amour à un grand propriétaire fermier, mère de cinq enfants, elle se morfond dans une tristesse qui ne la quitte jamais, jusqu’au jour où son mari embauche un photographe français pour faire des portraits de toute la famille...

“La camara oscura” est avant tout le portrait d’une femme qui tout au long de son existence subit les choses au lieu de les vivre. Née sur la passerelle du bateau et non sur le quai, elle ne peut pas prétendre à la nationalité argentine. De plus c’est une fille. Deux raisons pour qu’elle soit rejetée par sa mère dès sa naissance. Celle-ci n’aura de cesse par le futur de lui rappeler son physique particulier, un grand nez et un léger strabisme, l’obligeant à regarder ses pieds chaque fois qu’elle doit poser pour une photo. Gertrudis gardera cette habitude une fois adulte manquant ainsi toute occasion de sortir de ce mutisme dans lequel elle s’est enfermée. Mariée contre son gré, elle deviendra une mère de famille triste et silencieuse jusqu’au jour où un photographe saura révéler toutes ses aspirations.

Dès les premières minutes on est surpris par la qualité un peu vieillotte de l’image. Décalage renforcé par une musique toute aussi « has been » digne d’un téléfilm des années 80. Est-ce là un parti pris de la réalisatrice pour un film tourné l’année dernière ? Malheureusement ce n’est pas que du point de vue technique que ce film pèche, car le scénario est des plus conventionnel. A vouloir trop montrer le vide relationnel et affectif de son héroïne, Maria Victoria Menis nous plonge comme elle dans un profond ennui. Pendant la majeure partie du film, nous allons la voir préparer le repas, faire le ménage, repriser… Même l’arrivée du photographe, pourtant tournant essentiel de l’histoire, ne changera pas grand chose à cet état de fait.

Néanmoins malgré une mise en scène des plus classique, la réalisatrice se laisse emporter à deux reprises dans une grande envolée lyrique totalement impromptue. Tout d’abord, une animation au dessin plus que désuet censée exprimer les rêves et les cauchemars de Gertrudis. Puis, un montage animé des photos surréalistes du photographe. Deux styles complètement différents, qui ne font au final que renforcer le caractère bancal du film. En résumé un film bien mièvre qui jure avec la grande qualité du cinéma argentin de ces dix dernières années.

Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur

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