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LA CAGE DORÉE

Un film de Ruben Alves

Film du 1er étage

Depuis une trentaine d’années, José et Maria vivent à Paris, loin de leur Portugal natal, accaparés par leurs métiers respectifs (chef de chantier et concierge), par leurs responsabilités parentales (deux enfants qui n’ont connu que la France) et par une diaspora portugaise parfois envahissante. Lorsque José apprend qu’il va bénéficier d’un important héritage suite à la mort de son frère, un mélange de rêve et de cauchemar s’enclenche : le testament leur impose d’aller vivre au Portugal (leur rêve) pour continuer à faire fructifier l’entreprise familiale… sauf que leur départ n’arrange personne ! Et comme ces bons vieux José et Maria sont loin d’être égoïstes…

Le début du film fait craindre une fade niaiserie, qui paraît lorgner vers une version portugaise des "Femmes du 6e étage" sans dépasser le rez-de-chaussée dans tous les sens du terme. L'aspect un peu trop caricatural des personnages, les grosses ficelles scénaristiques et la mise en scène plutôt basique font même planer le risque de tomber dans un désespérant décalque d'"Une famille formidable" ! On se met vite à regretter un traitement encore plus caricatural, ce qui aurait eu le mérite d'aborder le sujet avec plus de dérision et plus de rythme, à l'image des comédies de Francis Veber. Sauf qu'ici, l'art du quiproquo est peu maîtrisé alors que le scénario en fournissait les ingrédients.

Heureusement, cette impression d'ensemble s'estompe progressivement – à défaut de disparaître complètement. L'excellente Chantal Lauby (récompensée pour ce rôle au festival de L'Alpe d'Huez) y est pour beaucoup car son personnage est à peu près le seul à insuffler la fantaisie et le décalage qui manquent cruellement au film. Inversement, "La Cage dorée" semble gagner en maturité en revêtant un habit un peu plus humaniste qui rend hommage à la diaspora portugaise sans épargner les travers de cette communauté, évitant ainsi une vision trop idyllique. Le ton est limite gnangnan sur certains points mais l'émotion finit par naître, le spectateur se prend d'affection pour les personnages et le happy-end (très prévisible) est vécu comme un rayon de soleil appréciable et mérité. La réalisation trouve aussi un nouveau souffle dans la seconde partie, notamment dans la façon de filmer l'intimité des personnages, tous plus ou moins rongés par les dilemmes et le sentiment de culpabilité. D'autre part, lorsque Maria et José prennent conscience qu'ils ont trop longtemps été les pigeons des autres à cause de leur sens de l'intégrité et du travail bien fait, Ruben Alves offre à ses personnages des scènes libératrices et assez jubilatoires.

Au final, le film pose de bonnes questions sur l'identité et sur l'honnêteté, mais on ne peut s'empêcher de regretter l'absence de cohérence dans la réalisation et la tonalité choisie (ou plutôt non choisie), ce qui donne un arrière-goût décevant de téléfilm honnête mais sans plus.

Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur

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