ÇA ARRIVE

Même si ce long métrage a le défaut de proposer finalement un catalogue de situations et de cas, qui font qu’il s’enferme progressivement dans son propre concept, au détriment de certaines histoires qui auraient mérité d’être approfondies, celui-ci vise cependant juste. Parvenant à un installer un certain malaise, de l’ordre du sentiment d’injustice, comme du ressenti des policiers eux-mêmes, submergés au soir de leur journée de travail par les aspects les plus noirs d’une humanité qui semble parfois s’effacer, ou par le doute sur certains cas (voir celui de la liaison secrète entre un éducateur et une jeune femme handicapée), le film est une expérience en soi, qui cherche à son détriment presque l’exhaustivité des cas de figure, mais permet de mieux considérer la parole des victimes.

Filmé frontalement dans un décor de commissariat, ce huis-clos offre finalement de rares respirations entre des témoignages toujours douloureux, ou face au déni de victimes que des proches tentent d’embarquer dans un processus judiciaire. Qu’il s’agisse de l’entretien avec un jeune prostitué masculin qui s’est plus fait arnaquer que violer, ou des rares moments de détente complice entre les enquêteurs, ceux-ci laissent entrevoir un espoir : celui de rendre audibles les paroles de victimes, femmes battues, voisines, adolescentes, hommes homosexuels… tout en évitant toute approche manichéenne. Le film pose ainsi assez intelligemment nombre d’enjeux derrière les agressions (maladie, grossesse…) et instille parfois le doute quant aux vraies motivations des parties. Une œuvre également nécessaire, qui doit beaucoup à l’ensemble de son casting, impeccable, et qui permet également de mieux mesurer la complexité du travail des enquêteurs, et derrière, celui de la justice.