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LES BUREAUX DE DIEU

Un film de Claire Simon

Un film d'utilité publique, impeccablement interprété

Des jeunes et des moins jeunes viennent nombreux au centre du planning familial. Ils y trouvent écoute et conseils sur des sujets sensibles (notamment la contraception, l'IVG et la pilule du lendemain). Des conseillers professionnels tentent d'apporter les réponses aux questions qui touchent à la sexualité et que se posent des personnes perdues ou qui ne savent pas vers qui se tourner. Ces bureaux de Dieu ne désemplissent pas...

L'une des premières choses qui frappe dans ce nouveau film de Claire Simon (réalisatrice de “Ça brûle”), c'est la qualité d'interprétation de ses comédiens. Pourtant ce n’était pas gagné d’avance, la réalisatrice ayant pris le parti de faire jouer des acteurs réputés dans les rôles des conseillers professionnels et des novices apparaissant pour la première fois à l'écran (comme le signale le générique de début du film) dans le rôle des ados en proie aux doutes.

Ainsi, au centre du planning familial on retrouve des comédiens de premier plan tels Nathalie Baye, Nicole Garcia, Béatrice Dalle, Michel Boujenah, Isabelle Carré et Rachida Brakni, pour ne citer qu'eux, face à des Amel Deleu, Isabel Coelho, Rachelle Kanga et Aurélie Ponti dont personne n’a entendu parler… pour le moment ! Car ces jeunes n’interprètent pas des jeunes, mais semblent réellement être ces jeunes qui sont reçus tous les jours au planning familial.

Le film de Claire Simon se veut être une chronique de ces bureaux de Dieu. Un éventail large des problèmes qui y sont abordés: avortement, contraception, pilule du lendemain: les sujets tournent principalement autour de la sexualité. Des psychologues, des conseillers, des assistantes sociales sont ceux qui accueillent et guident ces personnes un peu perdues, sans discrimination de sexe, d'âge, de race, ou d'origine sociale. On suit ainsi, une jeune fille qui cache ses pilules sur les boîtes aux lettres de son immeuble parce qu'il est inconcevable pour elle d'en parler même à sa mère... On fait la connaissance d'une mineure qui veut prendre la pilule parce qu'avec son copain ça devient sérieux... On assiste au témoignage d'une jeune qui souhaite connaître les démarches à entreprendre pour faire une intervention volontaire de grossesse (IVG), une femme enceinte qui se demande soudain si elle doit accoucher alors qu'elle n'est pas sûre d'aimer le père, etc.

Véritable documentaire, le film a aussi la bonne idée d'attirer l'attention sur les dangers d'Internet, espace d'expression libre, où nombre de jeunes qui vont chercher des informations sur l'avortement notamment, sont victimes de désinformation en consultant des sites qui prennent sauvagement parti contre l'IVG. Et le planning familial prend ainsi toute son importance, valorisant le côté “conseil” et “professionnels à votre écoute”. On découvre qu'on peut être écouté jour et nuit, que les écoles peuvent faire appel à eux pour éduquer sur la contraception... Les dialogues ne font pas l'économie de phrases essentielles telles que “une seule fois sans le préservatif suffit à tomber enceinte”, “que faire si je ne peux pas garder l'enfant ?”, “il ne faut pas avoir honte de ce qui nous arrive”, “ici, vous n'êtes pas un numéro, vous êtes quelqu'un” ou encore “hé oui, les spermatozoïdes, ça nage!”

L'humour n'est, en effet, pas en reste ! Les dialogues et les situations sont souvent savoureux, parsemés ça et là de moments plus graves. Soit de nombreux témoignages qui font la richesse de ce film d'utilité publique. Un film à destination des jeunes, des parents, des profs, des grands-parents, de tout le monde… parce qu’il parle de la vie, parce qu’il traite de problèmes auxquels on peut tous être confrontés à un moment ou un autre.

Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur

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