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BRÜNO

Un film de Larry Charles

Une comédie trash parce que le monde réel l'est aussi !

Brüno est un Autrichien homosexuel et fashion victim, qui présente une émission de mode. Après avoir été blacklisté dans les défilés, il est licencié de sa chaîne de télé. Il décide alors de partir aux États-Unis pour y devenir une célébrité, quels que soient les moyens employés…

Trois ans après "Borat", le duo Larry Charles/Sacha Baron Cohen est à nouveau aux manettes d’un projet similaire : "Brüno". Les caractéristiques sont grosso modo les mêmes : Sacha Baron Cohen incarne un personnage exubérant, sans filtre, naïf, parlant anglais avec un accent prononcé (germanique cette fois) et se confrontant à la société américaine dans des mises en scène qui ont en grande partie recours à la technique de la caméra cachée.

"Brüno" ne peut plus bénéficier de l’effet de surprise et l’ombre de "Borat" plane constamment sur cette nouvelle comédie agitatrice, avec parfois l’impression de revoir les mêmes scènes, mais cette nouvelle proposition ne manque pas de saveurs. Dans les deux cas, l’ensemble semble bancal en termes de réussite des gags : certains sont hilarants alors que d’autres tombent à plat car la gêne prend le dessus sur le rire. Mais finalement, dans les deux films, l’objectif est le même : offrir un miroir à la société américaine (voire au-delà) et provoquer une forme de sidération, ce qui explique pourquoi l’on ne rit pas toujours.

L’humour utilisé paraît n’avoir aucune limite et emprunte à tous les styles : potache (les parodies d’émissions télé par exemple), burlesque (comme dans la scène très drôle avec la tenue en velcro), trash (les nombreux aspects concernant la sexualité de Brüno), noir (dont toutes les références à Hitler), cynique (les parents acceptant d’invraisemblables conditions pour que leur enfant soit pris lors d’un casting)… Dans l’ensemble, cela ne sert qu’un seul objectif : provoquer la rupture et dévoiler l’horreur du monde réel. Or, si l’inacceptable vient parfois du personnage interprété par Sacha Baron Cohen (à nouveau impressionnant dans son talent d’incarnation jusqu’au-boutiste), il est aussi dans les comportements et propos des « piégés » qui ne jouent (malheureusement) aucun rôle. Comme "Borat", "Brüno" explore ainsi la bêtise crasse des humains, en privilégiant cette fois-ci le traitement de l’homophobie et de la recherche de la célébrité à tout prix, tout en explorant de façon secondaire d’autres thématiques comme la maltraitance des enfants ou le conflit israélo-palestinien. Dire que le film est brillant serait exagéré, mais c’est encore un coup de pied bien placé dans les testicules d’un monde qui part en vrille !

Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur

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