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BROKEN FLOWERS

Un film de Jim Jarmusch

La découverte de la responsabilité

Don (Bill Murray), la cinquantaine, vient de se faire larguer par sa dernière conquête (Julie Delpy). Dans son courrier, il trouve une lettre rose, dans laquelle une de ses anciennes petites amies lui indique qu’il est père d’un gamin de 19 ans, qui pourrait bien être parti à sa recherche. Seul problème, la lettre n’est pas signée…

Pour son nouveau film, Jim Jarmusch (Ghost Dog, Mistery Train, Dead Man) a réunit un casting de rêve, mettant en face de Bill Murray, à la parenté récente, ses anciennes maîtresses de l’année incriminée. Dans l’ordre, Sharon Stone, Frances Conroy, Jessica Lange et Tilda Swinton (méconnaissable en brune) font leur apparition, au cours du voyage improbable que lui a organisé son ami et détective en herbe, interprété lui par l’allumé Jeffrey Wright. Et il faut avouer qu’on se délecte de ces face à face orchestrés entre un homme impassible et dubitatif, et des femmes aux caractères différents.

Sans faire trop catalogue, Jarmusch passe en revu des portraits d’américaines moyennes, qu’elles soient délurées, casées et pieuses, non conventionnelles, dépressives. Le rapport à l’enfant est à peine évoqué dans chacune des situations, mais l’ombre de la maternité apparaît à chaque fois, subtilement, dans leurs réactions ou actions face à leur ancien amant. Ce dernier, bouquet de fleurs roses à la main, est campé par un Bill Murray formidable et lymphatique, dépassé par les évènements, plus que moteur, qui se laisse guider par les plans farfelus montés par son meilleur ami, à l’imagination débordante.

A la fois enquête improbable sur des parenthèses de vies laissées derrière soi, le film est surtout un voyage désabusé vers une responsabilité d’adulte. Désireux de savoir, plus que de se racheter, le personnage de Bill Murray évolue lentement. D’un homme insensible, il devient une personne impliquée, à laquelle on jette au visage les conséquences, pas forcément dramatiques de ses actes, mais surtout leur légèreté. Léger, le film le reste de bout en bout, même dans ses dernières minutes, qui en décevront peut être certains, mais font penser avec trouble, que la vie, jeu de pouvoirs et de désirs, est bien plus complexe mais aussi, riche, quand on choisit de s’y impliquer.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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