BRIDES

Un film de Nadia Fall

Un road trip d’une jeunesse cherchant l’espoir où il ne faudrait pas

Synopsis du film

Londres, 2014. Deux amies, Muna et Doe, s’éclipsent en douce de leurs appartements respectifs au petit matin, pour prendre un train. Excitées, elles prennent ensuite l’avion pour la Turquie, où, à leur arrivée, elles attendent un contact dans un bar, qui ne viendra jamais. Elles tentent alors de poursuivre seules leur voyage vers la Syrie…

Critique du film BRIDES

"Brides" était sans doute l’un des films les plus attendus du Festival de Dinard, du fait de son sujet : la tentation de jeunes femmes de rejoindre les djihadistes combattant en Syrie, face au régime de Bachar el-Assad. Un sujet brûlant, aussi bien en France qu’en Grande Bretagne, qui pose des questions d’embrigadement, mais aussi la question du retour de ces femmes, parfois mariées à distance ou dès leur arrivée, et ayant pour certaines eux des enfants entre temps. Le choix de Suhayla El-Bushra, au scénario, sera de ne traiter que du voyage, et non de ce qui attend ces filles là-bas, contrairement au formidable "Rabia", sorti en fin d’année dernière, terrible description des rouages de l’embrigadement. Un choix qui permet à la metteuse en scène, Nadia Fall, de se concentrer sur les raisons de leur départ, par de multiples regards en arrière, délivrant au final un double portrait moins tendu qu’on l’espérait.

Au travers des flash-back sur le quotidien familial de l’une d’elle et sur le harcèlement raciste dont elle peut être la victime au lycée, c’est la violence des hommes qui est mise en évidence, qu’elle prenne la forme de violences dans le couple, de gestes déplacés, d’une drague insistante, ou d’un racisme décomplexé. Sur cette description, la réalisatrice fait mouche, ménageant ses parallèles et montrant l’entraide des deux filles. Elle parvient ainsi à faire passer l’inquiétude de chacune, pourtant semblant inégalement déterminées, que ce soit dans un train bondé, au contrôle à l’aéroport, au fil des messages d’une des mères, lors d’une halte dans un café face aux regards des hommes, ou lorsqu’elles peinent à cacher le vrai motif de leur voyage à une femme qui leur apporte son aide.

Elle réussit avant tout à rendre palpables leurs élans de vie, avec quelques beaux moments de complicité, au contact de quelques gens bienveillants. Pourtant, globalement "Brides" manque quelque peu de tension, peinant à incarner un réel danger, à force d’esquiver le sujet de l’embrigadement réduit à une voix de femme censée les guider au départ et à un montage d’images (infos, combats en Syrie, extrême droite en Grande Bretagne, femmes voilées qui se lèvent…) sur fond de rap de filles. Les deux jeunes interprètes, Ebada Hassan et Safiyya Ingar, respectivement dans les rôles de Muna et Doe (un surnom qui sera expliqué uniquement lors de la dernière et tendre scène), imposent en tous cas leur charisme et leur dynamisme, dans cette œuvre trop positive pour enfoncer le clou sur son terrible sujet.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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