BONJOUR L'ÉTÉ

Un recueil où s’exprime toute la magie de l’animation

Six petites histoires autour de l’été, de l’eau et des vacances. Un marque page qui se prend pour un surfeur, un fils qui se prépare à s’en aller, une pieuvre dont la vitre de l’aquarium est tâchée, un couple de personnes âgée allant à la plage, un papa qui fait du kayak avec son bébé, une famille qui prend la route des vacances…

Dès le premier court métrage, une certaine magie se dégage de ce recueil en six segments. "Much Better Now" de Philipp Comarella et Simon Griesser (Portugal et Autriche, 2012, 6 mn) utilise en fait des décors réels et des objets, pour en détourner savamment l’usage et donner vie à certains d’entre eux, grâce à une savante technique de stop Motion doublée de pointes d'animation 2D, générant ainsi poésie et étonnement. Nous sommes en effet au départ dans un bureau tout à fait classique et il suffit que la fenêtre s’ouvre pour qu’un coup de vent anime ce qui s’y trouve : un marque page se retrouve ainsi face à un livre, dont les pages débordent comme des vagues, lui permettant de surfer. Le clin d’œil final est délicieux, invitant à d’autres aventures, avec la vision d'un tas de livres qui s’offrent à lui.

Détournant également nombre d’objets, venant compléter le dessin 2D coloré, "Bonjour l’été" de Martin Smatana et Veronika Zacharovà (Slovaquie, République Tchèque, France, 2024, 10 mn), sixième et dernier segment, interpelle aussi l’imagination, avec une famille qui part à la mer, la petite fille restant un peu à part en persistant à lire. Les roues de la voiture sont faites de bouées roses, des cadenas forment les portiques de l’aéroport, un pied de caméra devient une hôtesse de l’air et se mue en son chariot, des tasses à café servent de réacteurs d’avion, et on vous laissera découvrir le reste... En 3D imitant dans le design des personnages de carton découpé et collé pour donner du relief aux corps usés d’un couple de personnes âgées, "Late Season" de Daniela Leitner (Autriche, 2017, 8 mn), 4ème segment, est sans doute le plus beau et cohérent des 6 films. Adoptant des couleurs éteintes et des mouvements lents, on y suit ces deux personnages dans leur torpeur jusqu’à ce qu’ils s’endorment à la plage, des Bernard l’Hermite venant se loger dans leurs oreilles et leur offrant un coup de jeune de manière étonnante. Et l’émotion naît sans qu’on crier gare.

Du coté des comédies, le cinquième film, "Kayak" de Solène Bosseboeuf, Flore Dechorgnat, Tiphaine Klein, Auguste Lefort et Antoine Rossi (France, 2021, 6 mn), devrait enchanter petits comme grands, avec en images de synthèses les aventures d’un père embarquant son bébé dans un trip sur une rivière au fond d’un canyon. Un aigle et un certain nombre d’obstacles ou accidents n’auront pas raison de l’enthousiasme du petit, dont le rire résonne dans ces lieux sauvages. Autre comédie irrésistible, lui en animation 2D, "Ink" de Erik Verkerk et Joost van de Bosch (Pays Bas, 2020, 2mn), le troisième court, est l’histoire d’une pieuvre bien décidée à ce qu’un homme de ménage enlève les traces de glaces sur la vitre de son aquarium. C’est drôle, malin et très intelligemment construit. Enfin "Chroniques de l’eau salée" de Tamerlan Bekmurzayev, Antoine Carre, Rodrigo Goulao De Sousa, Alexandra Petit et Martin Robic (France, 2021), au trait irrégulier, présenté en seconde position, évoquera la crainte de parents devant laisser partir leur fils devenu grand:. Un film émouvant, qui se déroule dans des décors de bord de mer, auprès d’un phare, qui singe avec réussite ponctuellement la caméra subjective et surprend par sa qualité de gestion du mouvement. Au final l'ensemble donne une irrésistible envie de partir en vacances et dégage autant douceur qu'inventivité.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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