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BODY

Un film sensible, plein de tact et de cynisme

Janusz, médecin légiste, ne sait pas trop quoi faire lorsqu’il découvre les tendances anorexiques et suicidaires de sa fille, Anna. Il décide de l’envoyer dans une clinique spécialisée…

La réalisatrice polonaise de "Aime et fais ce que tu veux", Teddy award en 2013, a grimpé en 2015 les échelons, présentant en compétition « Body », son nouveau long-métrage. Traitant avec tact des difficultés de communication entre un père et sa fille, le film lui a valu le prix de la mise en scène, ex-aequo avec le film roumain « Aferim ! ». D'un côté il y a cette adolescente, devenue anorexique suite à la mort de sa mère, mangeant du chocolat et se faisant vomir, et obsédée par la maigreur de son corps. De l'autre il y a le père, médecin légiste, qui semble voir trop de cas de meurtres pour montrer une quelconque sensibilité.

Entre ces deux êtres, déjà peu enclins à communiquer, le scénario va disposer une étrange thérapeute. Vivant avec un chien énorme, elle enseigne les bienfaits du "cri" le jour, et prend d'étranges notes la nuit, comme prise par un état de transe. Si le sujet est grave (la gestion, chacun à sa manière, du deuil), le décalage du personnage par rapport au sérieux de l'institution et des problèmes auxquels sont confrontés père et fille les force à choisir une voie entre vie et auto-exclusion.

Le ton légèrement décalé s'affirme d'ailleurs dès la première scène, avec le corps d'un pendu qui se relève et marche en direction de la ville. Comme un symbole de ce choix possible, de revenir à la vie, un jour, une fois la peine exprimée. Créant ainsi un parfait équilibre entre le scepticisme du père, l'affliction de la fille et la béatitude de la psychologue, "Body" réussit à construire de vrais personnages dans toute la complexité de leurs réactions, et à finalement toucher.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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