BLUE SUN PALACE

Un film de Constance Tsang

Isolement en pays étranger

Didi, masseuse dans un salon à New York tombe sous le charme d’un homme, Cheung, qu’elle a envie de voir plus régulièrement. Mais le jour de l’an, alors que le défilé s’entend au dehors, elle accepte d’ouvrir à un prétendu client qui aurait oublié quelque chose, et se fait braquer puis tuer. Quelques temps plus tard, traumatisée, l’une des ses collègues, Amy, découvre dans son téléphone des photos de Cheung, et se voit surprise lorsque celui-ci débarque au salon pour un massage du cou…

Prix French Touch du jury à la Semaine de la critique 2024, "Blue Sun Palace" est un film qui prend son temps. Le temps pour dépeindre une relation naissante entre deux amants (une masseuse et son amant, qui l’emmène dîner puis au karaoké autour d’une chanson fleur bleue), et pour installer une complicité entre les 4 femmes de cet établissement de massage chinois, où la finition ponctuelle est subtilement suggérée par une accélération du souffle d’un client. Apres avoir rompu en quelques secondes cette harmonie apparente, avec le meurtre de Didi, impliquant une de ses collègues, Amy, gardée seule dans le champ (le générique arrive après, à presque 35 mn de métrage), le temps pour ces deux de voir renaître des sentiments et un minimum d’équilibre, apparent tout au moins.

Intelligemment construit autour de plusieurs drames qui ponctuent le récit, rappelant la condition difficile de ces femmes indépendantes, voyant la violence ou le mépris pointer son nez dans leur salon avec des hommes intéressés ou des clients indélicats, le film fait aussi de son personnage masculin un homme également ambigu, ayant femme et fille au pays, auxquelles il envoie de l’argent, les femmes de New York semblant toutes égales à ses yeux. Ceci jusqu’a ces deux scènes finales qui révèlent un peu son errance à lui. Pratiquement composé comme un huis clos, renforçant l’isolement de ces immigrées, le film se déroule à 90% dans le salon ou quelques intérieurs (restaurant, karaoké, villa, avant de déboucher sur un inespéré bord de mer…), créant une atmosphère sans réel repère géographique, confirmant ainsi la situation de nombreux chinois par le monde pour lesquels le soleil n’est ni bleu ni vraiment brillant.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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