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BLINDSPOTTING

Chronique urbaine percutante et poignante

Après un court séjour en prison suite à une bagarre ayant dégénéré, Collin ne compte pas gâcher sa liberté conditionnelle et essaye au maximum de respecter le couvre-feu imposé et de se tenir loin des problèmes. Mais à trois jours de la fin de celle-ci, il assiste à une bavure policière, un évènement qui va complètement chambouler le jeune homme…

Rafael Casal et Daveed Diggs (notamment apparu dans les séries "The Mayor" et "The Get Down") se connaissent depuis l’enfance. Ayant grandi à Oakland, ils rêvaient depuis longtemps de raconter l’histoire de leur ville et sa gentrification en parallèle de la grande Tragédie, celle d’une Amérique où les relents racistes s’intensifient et où les bavures policières deviennent ordinaires. Après plusieurs années à porter le scénario, c’est en 2017 que les deux jeunes hommes parviennent à concrétiser leur projet, avec Carlos Lopez Estrada derrière la caméra, dont il s’agira du premier long-métrage. À la clé, une sélection à Sundance et le Prix de la critique à Deauville, ainsi qu’une œuvre coup-de-poing, ingénieuse et puissante.

Le film débute trois jours avant la fin de la liberté conditionnelle de Collin, passé par la case prison pour une violente bagarre. Depuis 362 jours, le garçon cherche par tous les moyens à rester dans le droit chemin, mais cela n’est pas toujours évident lorsque son meilleur ami joue au petit gangster. Engagée et punchy, cette comédie dramatique éminemment politique dépeint le quotidien d’un homme noir dans un pays où le racisme ambiant a plus que jamais gangréné la société au point de rendre courants les homicides de personnes de couleur par les forces de l’ordre. Le personnage principal sera d’ailleurs témoin de l’une de ses affaires, lorsqu’un soir il assistera médusé aux quatre coups de feux tirés dans le dos d’un jeune du quartier.

Avec intelligence et originalité, "Blindspotting" casse les codes pour porter au plus haut son message contestataire. Avec ce même saupoudrage d’humour et d’innovation visuelle que présentaient les premières œuvres de Spike Lee, le métrage à l’énergie communicative est une véritable claque, une chronique enragée et poétique sur les rapports de classe et conflits ethniques. Sous la forme d’une bromance délirante, où les digressions sont nombreuses, le réalisateur ne perd jamais le fil de son intrigue, jusqu’à une apothéose à l’image des précédentes séquences : intense et éloquente, incisive et saisissante. Avec sa mise en scène esthétique, son montage tendu et son rap protestataire, cette première réalisation frappe les cœurs et les esprits. Un immanquable !

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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