BLANCHE NEIGE

Un film de Marc Webb

Blanche-Neige, la révolutionnaire

Alors qu’elle était enfant, la princesse Blanche-Neige vit sa mère tomber malade et disparaître. Son père, le roi, tomba alors sous le charme d’une femme superbe qui devint vite sa nouvelle épouse. Celle-ci le convainquit de partir à la guerre contre les terres du sud, où il décèda au combat. Obsédée par sa propre beauté, la reine passa son temps à s’accaparer les richesses du royaume et à interroger son miroir magique pour savoir qui était la plus belle. Le jour où celui-ci lui dit qu’il ne s’agissait plus d’elle, mais de Blanche-Neige, qu’elle avait entre temps réduite à l’état de domestique, elle envoya un chasseur tuer Blanche-Neige au fond des bois, le chargeant de lui ramener son cœur. Mais le chasseur ne parvint pas à s’exécuter et la laissa sur place. Elle trouva alors refuge dans une chaumière tenue par des nains travaillant dans des mines…

Conte classique allemand notamment signé des frères Grimm (en 1812), "Blanche Neige" avait été adapté par Walt Disney dans son premier long métrage d'animation en 1937, "Blanche-Neige et les Sept Nains", donnant le chef-d’œuvre de poésie que l’on connaît. Dans sa frénésie à remaker tous ses classiques en films « live action », les studios Disney, après "La Belle et la Bête", "Le livre de la jungle" et autres "Roi Lion" ou "Aladdin", s’est donc attelé à une adaptation voulue moderne (Blanche Neige est ici métisse plutôt que blanche… ce qui certes importe peu, mais ne donne plus aucun sens au choix de son prénom) et enrichie de nouvelles chansons. Et le probleme n’est peut être pas tant là, dans les choix musicaux des nouvelles scènes chantées (la chanson d’introduction dans le village, le duo amoureux…), qui font plutôt penser à des scènes de foules de classiques des années 90 ("La Belle et la Bête", ou "Le Bossu de Notre Dame"), que dans les nouveaux choix scénaristiques, souvent hors sujet, malgré une tentative de message sur la nécessité du partage de la richesse.

Plusieurs partis pris ne seraient pas si mauvais en eux-mêmes, comme le fait de remplacer le prince par un voleur, façon Robin de Bois, histoire d’introduire une histoire d’amour qui arrive beaucoup plus tôt que dans l'original. Mais encore faudrait-il que le personnage soit un minimum développé, en dehors de son utilité romantique et combative, et qu’on n'ait pas transformé sa bande en un défilé de mode (il a une sorte de veste en cuir verte, trop courte… et tous sont affublés d’une garde robe improbable façon patchworks). C’est d’ailleurs étonnamment un tout autre registre qui est utilisé pour les costumes de la méchante reine, somptueux de bout en bout, même si elle donne un peu trop dans le lourd symbole du diamant (solide et durable) face à la rose (fragile et passagère) - répété 3 fois au cas où les petits n'ait toujours pas compris. D’autres choix concernant les personnages sont bien moins justifiables, notamment le fait d’avoir choisi des nains en images de synthèse, alors qu’un vrai nain est employé, lui, dans la bande du voleur, comme si la production avait voulu se racheter en faisant une sorte de héros ponctuel doué à l'arbalète.

Bien entendu, les fans de l’original retrouveront certaines chansons mythiques telles que "Eh Oh, on rentre du boulot" des sept nains, aux paroles remaniées, ou "Siffler en travaillant". Mais si la direction artistique est globalement plutôt réussie (le château, la clairière avec les animaux, la fête au crépuscule avec les lucioles...), ce n’est pas tout le temps cas, et l’on sent une fâcheuse tendance à vouloir faire mode en offrant aux jeunes générations du bling bling (les mines débordent un peu trop de diamants et autres joyaux colorés…) ou de supposées sensations fortes (les effets montagnes russes dans les mines, l’effet Matrix lorsque le miroir est brisé…). Mais c’est surtout finalement la racine même du conte, avec sa thématique de la beauté qui finalement passe vite au second plan, au profit d’un fond de révolte et de sujets certes plutôt d’actualité (manipulation du peuple par les puissants, disparité des richesses…) semblant du coup totalement artificielle lorsque des éléments du conte initial ressurgissent. On se serait bien passé de cette nouvelle version.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

BANDE ANNONCE

À LIRE ÉGALEMENT

Laisser un commentaire