BEURK !

Avec les voix de Noé Chabbat, Katell Varvat, Roman Freud...

La naissance de l’amour, quelle qu’en soit la forme

Un œuf sans bec, des animaux changeants, un cowboy recevant un message d’amour, une ado qui remarque un garçon sur une plage, des enfants au camping qui se moquent des bisous dégueux des adultes, autant de petites histoires où l’amour pointe son nez…

Recueil porté par le court-métrage éponyme, vision enfantine amusante du baiser des adultes, nommé aux prochains Oscars et César, "Beurk !" arrive sur nos écrans pour parler amour sous toutes ses formes aux plus petits. Il s'ouvre sur "L’Imbecqué" de Hugo Glavier (France, 2017, 5 mn) aux quelques traits fins et tâches de couleurs, dans lequel un œuf bleu avec dont les pattes sont déjà sorties, découvre sa différence. Solitaire et ayant des difficultés de communication avec les autres poussins, qui eux, sont jaunes et ont un bec, il trouvera un compagnon lui permettant de s'accomplir et changer de couleur. Suit le multiprimé "Dans la nature" de Marcel Barelli (Suisse, 2021, 5 mn), rythmé par la voix d'un enfant, observant diverses espèces d'animaux, dans leurs relations de couple (hétérosexuels, homosexuels, ou changeants), la permanence ou leur évolution de genres, ainsi que leur manière de séduire ou d'élever leurs petits. Avec humour et malice, ces questions délicates sont donc abordées, dans un graphisme très BD.

Troisième segment, "Cowboy Kevin" d'Anna Lund Konnerup (Danemark, 2022, 6 mn) est un film en stop motion (alliant plastique, tissus, papier, mousse...), qui met en scène Kevin le cowboy et son fidèle cheval, partant à la recherche d'un message d'amour. L'allusion face grand canyon au classique "Elle et Lui" amusera sans doute les plus grands. "Le Grand Saut" de Martina Doll, Anaïs Dos, Coline Reverbel, Kenzo Talma, Edgard Vernier et Lisa Vlaine (France, 2023, 8 mn) n'est pas le film le plus convaincant, du fait d'une esthétique peu heureuse pour les personnages en 3D (notamment les rougeurs des joues), malgré un gros travail sur les ombres. On y suit une jeune ado jouant sur la plage avec son petit frère et soudain désireuse de se débarrasser de ce dernier (par des moyens pas très respectueux...) lorsqu'elle flashe sur un beau garons aux dreadlocks. Le tout se termine dans une bataille onirique avec château de sable et crabe géant, qui inverse joyeusement les codes de genre.

Enfin "Beurk !" de Loïc Espuche (France, 2023, 13 mn) vient clore l'ensemble en beauté, avec un petit groupe d'enfants en camping observant les adultes dont les lèvres se mettent à briller en rose fluo alors qu'ils sont sur le point de se faire des baisers... dégoûtants. Mais la maladie semble toucher aussi l'un des garçons face à l'une des filles, les hésitations commençant alors. L'ensemble devrait attendrir les foules, et même si le dessin en aplats de couleurs, avec traits de contours existants ou non, n'est pas extrêmement original, est rattrapé par un usage harmonieux des couleurs, donnant quelques belles scènes (de plage notamment, ou de nuit au camping supposé endormi...). Ici aussi les amours existent, entre tous types de personnes, vieux, couple à la piscine, amis joueurs de foot (aux maillots Ronaldo et Messi), enfants... De quoi avoir globalement envie d'être amoureux.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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