BERLIN, ÉTÉ 42
Bien trop sage et illustratif
1943, dans l’Allemagne Nazie. Hilde Coppi est arrêtée à la maison de sa mère. Enceinte, elle est emmenée par la Gestapo pour être interrogée à propos d’une radio et d’un parachutiste soviétique qu’elle aurait contribué à protéger. Au fil des interrogatoires, c’est tout son entourage qui se retrouve en danger…

"Berlin, Été 42" est l’histoire d’une résistante allemande durant la Seconde Guerre Mondiale, Hilde Coppi (1909 - 1943), mariée à un dentiste alors qu'elle était destinée à un autre. Une figure rare, plongée dans un entourage engagé, qui ne pouvait qu’intéresser un cinéaste comme Andreas Dresen, à qui l'on doit notamment le portrait de groupe "Le Temps des rêves". Mais une figure qui donne un biopic, qui évoque sa participation progressive à des faits de résistance face aux nazis (écoute de Radio Moscou, information aux groupes résistants, protections de personnes recherchées...), de manière finalement aussi linéaire qu’illustrative, dans une mise en scène sans réelle surprise malgré de nombreux plans séquences. C’est en effet par une alternance de scènes d’interrogatoires ou de prison, avec des flash-back évoquant les événements qui l’ont amenée à une prise de conscience et à être arrêtée, que va se dérouler l’ensemble de ce métrage à la tension assez limitée, presque contradictoire avec le sujet du film lui-même.
Même si l’interprète principale, Liv Lisa Fries (vue dans "Romeos" et la série "Babylon Berlin"), ne démérite pas, et si l’utilisation de contrastes entre intérieurs sombres et lumière saturée pour les moments faussement insouciants de l'été 42 (la scène à la plage...) est plutôt efficace, la succession des événements est bien trop sage pour créer une empathie nécessaire à ce que la conclusion n’apparaisse pas comme un tire-larmes, mais implique réellement le spectateur au niveau émotion. On attendait sans doute plus qu’une simple approche illustrative de la part de l’un des metteurs en scène allemands les plus intéressants de cette dernière décennie. Et même s'il nous révèle là des événements jusque-là peu mis en lumière (notamment l'envoi de messages aux familles de prisonniers allemands en territoire soviétique, les réunions sous couvert d'un faux cercle littéraire...), le manque de tension de l'ensemble aura sans doute vite fait de nous faire sortir de ce récit historique pourtant capital.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur