BEING BO WIDERBERG

Un film de Jon Asp et Mattias Nohrborg

Dans la tête d’un cinéaste à (re)découvrir

Synopsis du film

Bo Widerberg, mort en 1997, était un cinéaste suédois ovationné, à la personnalité complexe voire dérangeante. À travers des archives et des témoignages, ce documentaire retrace sa carrière et sa vie personnelle, tout en montrant la manière dont l’homme et son œuvre ont été perçus…

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Critique du film BEING BO WIDERBERG

La traduction littérale du titre original, « Dans la tête de Bo », indique bien le projet de ce documentaire : tenter de nous faire comprendre comment Bo Widerberg vivait, pensait, créait ou aimait. Que l’on connaisse déjà tout ou partie de son œuvre ou que l’on ignore tout de lui, "Being Bo Widerberg" apporte un regard captivant et complet sur son œuvre tout comme sur l’homme qu’il a été. Notons que, si on est dans la catégorie des novices, ce film a une vraie capacité à donner envie de voir ses films, mais il a aussi tendance à en révéler certaines scènes clés. Peut-être est-ce pour cela que le distributeur Malavida a décidé de décaler la sortie en France au 2 juillet, alors qu’elle était prévue initialement pour le 11 juin en même temps que la rétrospective de 10 films de Widerberg ?

Si le film est parfois décousu et si certains passages s’égarent avec insistance du côté de sa vie privée, il n’en reste pas moins un montage pertinent d’archives et de témoignages permettant de saisir l’enchevêtrement entre la vie réelle et les fictions créées par le cinéaste. Il est en effet clair, dès le début du documentaire, que l’œuvre du Suédois a quelque chose de plus ou moins autobiographique, du moins qu’elle est l’écho de sa vie ou de sa psyché. "Being Bo Widerberg" nous fait ainsi saisir la complexité de sa pensée et de son art, avec toutes ses contradictions : son attitude jusqu’au-boutiste voire tyrannique sur les tournages contraste avec sa fibre socialiste et sa tendance à défendre les classes populaires (l’actrice Pia Degermark le qualifie par exemple de « manipulateur ») ; sa recherche constante de sincérité – dans ses films comme dans ses déclarations publiques – se heurte à son comportement vis-à-vis de sa famille (son côté très volage, sa difficulté à tisser des liens stables avec ses enfants, sa plus grande faculté à trouver des mots justes dans la fiction que dans sa vie privée…).

En près de deux heures, le documentaire brode des fils conducteurs d’une filmographie pourtant protéiforme, dont l’influence est illustrée par la présence de quelques témoignages non suédois (Olivier Assayas, Mia Hansen-Løve, Lars von Trier). Quant à l’homme, il est tour à tour attachant ou agaçant, aimant ou provocant. Portrait d’un artiste en quête constante de plaisir et de liberté au point de sombrer dans la dépression et dans la confrontation avec l’industrie du cinéma, "Being Bo Widerberg" est un hommage sans être une hagiographie, dépeignant la lumière comme les parts plus sombres.

Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur

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