BEDROCK
Souvenir et respect, en une terre encore dans le déni
En Pologne, Filip, qui travaille pour la Rabbinical Commission for Cemeteries, participe depuis des années à la localisation et l’identification de victimes de l’holocauste, juifs abattus par les nazis. La plupart du temps, il parvient à réaliser une archéologie non invasive et à pratiquer une cérémonie, là où les personnes sont décédés. Mais parfois, le domage est déhà fait, et la situation fait que les os doivent être déplacés…

« Si tu tombes sur des os, tu arrêtes », phrase prononcée au début du film par un homme sur un chantier, permet de poser le sujet de "Bedrock" , documentaire canadien nous transportant en Pologne, là où les traces des camps de concentration disparaissent peu à peu, les fosses communes se recherchent encore, et la misère actuelle devient prétexte à justifier un honteux passé. « Nous aussi on a souffert », phrase terrible prononcée au grès d’une rencontre, permet de résumer ce qui ronge encore ces terres, entre négation de méfaits de soldats polonais ayant collaboré, manifestations d’extrême droite et chanson slamée sur la pauvreté et la drogue (« La vie continue ici à Auschwitz »).
Bien entendu le film permet de mettre en lumière l’importante mission de cet homme, Filip, chargé de repérer les anciens charniers ou les tombes de fortune, à partir de témoignages (parfois de gens ayant eux-même tué, il en horriblement est conscient), et d'assurer la préseravtion du tombeau des victimes grâce à des techniques d’archéologie non invasive, évitant toute détérioration ou déplacement des ossements. Mais au-delà, c’est bien la persistance d’arrangements avec le passé, voire d’une forme d’antisémistisme se transformant aujourd’hui en mépris de l’étranger, qui fait froid dans le dos. Les images de conclusion, en infra-rouge, bouclant avec le début du documentaire, prennent en ce sens tout leur poids par rapport à l'actualité des migrations : glaçant.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur