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BEAUTIFUL BEINGS

S’extraire de la violence et des effets de bandes

Addi fait partie d’un groupe d’amis, avec Siggi, dont le leader Konni se retrouve menacé par le petit ami d’une fille de 17 ans qu’il a embrassée en douce. Ayant croisé un garçon harcelé à l’école qui se remet d’une violente agression, ils commencent à devenir amis avec celui-ci, l’invitant à certaines de leurs errances, mais profitant aussi de son salon quand ses parents ne sont pas là…

Beautiful beings film movie

L’un des plus beaux films du Festival de Berlin 2022 sera venu de la section Panorama. Il s’agit du film islandais au titre ironique "Beautiful Beings", traitant de la violence au sein de la jeunesse du pays. Le film débute de manière nerveuse et percutante, par des plans furtifs sur des jeunes dotés de battes de baseball, enchaînant après un passage en voix-off sur le harcèlement scolaire dont est victime un jeune garçon peu à l’aise avec les autres (Balli), à la fois en classe et dans les couloirs de l’école. Au bord de la rupture nerveuse, la rébellion du jeune homme ne mènera qu’à une agression plus violente encore, l’envoyant à l’hôpital et faisant de lui le sujet d’un fait divers. Guðmundur Arnar Guðmundsson (réalisateur de "Heartstone : Un été islandais" et producteur de "Un jour si blanc") excelle d’emblée dans la mise sous tension du spectateur, alternant de superbes plans signifiant l’isolement du garçon (comme lorsqu'il est assis de profil dans un tuyau en tôle…) et une immersion au cœur d’une agression, dont on anticipe nerveusement les impacts par l’effroyable objet soudain choisi pour frapper le jeune homme.

Utilisant régulièrement la caméra à l’épaule lors des passages plus tendus, le metteur en scène nous plonge ensuite dans le jeu malsain de provocations, vengeances et représailles auquel se laisse aller le groupe de trois amis, réveillant ainsi la nervosité maladive de leur jeune supposé protégé. Évoquant aussi des jeux d’équilibre et de confiance, c’est toujours finalement la question de la limite à ne pas dépasser qui se pose, unifiant d’abord le groupe avant de le faire potentiellement exploser. Dans ce monde où les parents semblent quasiment absents, ou sont incapables de poser des jalons, évoluent donc un séducteur bourrin (Konni), un fêlé au père alcoolique (Siggi) et le personnage principal (Addi) un peu plus réfléchi, dont la complicité avec Balli et les dissensions avec le groupe esquisseront un début de personnalité d’adulte. Une belle et amère réflexion sur la responsabilité, qui convoque aussi la notion d’amitié comme ciment de relations saines. A signaler que le film a reçu le Label Europa Cinéma, qui lui promet un bel avenir dans les salles art et essai du continent.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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