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BASTA CAPITAL !

Un film de Pierre Zellner

Un drame militant qui n’assume pas suffisamment ses aspects comédie

Un groupe d’activistes, espérant en finir avec le capitalisme, décide de profiter d’une réception pour kidnapper les patrons du CAC 40, leur voler le numéro de téléphone de Macron, et dicter ainsi au Président la politique à venir…

Basta Capital ! film

"Basta Capital" commence à la manière d’un reportage, présentant des images de manifestations et d’affrontements (avec quelques commentaires type journaux télé en off), avant de présenter ses protagonistes : femme couturière œuvrant sur des contrefaçons, migrant au diplôme non reconnu, italien chevronné ancien de la CNT, médecin irakien sur le point d’être expulsé, couple de paysagiste s’étant rencontré dans une manif… Faisant ensuite prendre à l’un d’eux la caméra, afin de relater leur acte de bravoure sous forme de documentaire, et de témoigner d’un ensemble de situations inadmissibles entraînant la désagrégation de la société au profit de seulement quelques-uns, le film bascule alors dans un certain déséquilibre.

Longtemps prévu pour une sortie en salles, mais finalement voué directement à la VOD, le film tente assez maladroitement de nous faire croire à l’existence de ce groupe de militants, alignant quelques dialogues péremptoires, et offrant à peine une fausse piste de contradiction dans l’attitude d’une des femmes, accusant les autres de « complotisme » alors qu’elle-même plonge directement dedans. Porté par une brochette d’interprètes qui ne s’avèrent pas tous convaincants, le récit se transforme au bout d’une trentaine de minute, une fois le kidnapping ayant eu lieu, en une dystopie dotée de quelques belles idées, qui aurait pu mener vers des cimes de tensions, mêlées de cynisme et de potentielle drôlerie.

Mais jamais "Basta Capital" n’assume ses penchants comiques (résidant souvent dans le sort volontairement ironique, réservé aux patrons prisonniers), préférant revenir sans cesse à un discours démonstratif et présomptueux. Les apparitions du réalisateur de documentaire, humiliant un à un devant la caméra les patrons, mélangent à la fois a priori sur l’humain et démonstrations certes détaillées de dysfonctionnements constatés, mais finissent par apparaître comme un catalogue indigeste et vain. L’ironie est pourtant bien présente en toile de fond, mais s’estompe au profit d’une revendication sans répondant. Même chose avec l’interminable discours du faux Macron, platement mis en scène en alternance entre image télé et vue statique sur le salon où les militants exultent : il résonne comme un discours politique, lui-même à la fois naïf et dogmatique.

Au final, si l’on adhère forcément à une partie des idées défendues par les protagonistes, difficile de trouver l’ensemble du film le moins du monde crédible, celui-ci évacuant d’un revers de main tout danger potentiel, usant de facilité scénaristiques évidentes, et laissant totalement de côté l’aspect « polar » qui aurait fait tout le sel de cette histoire. Pire, il abandonne progressivement tout « background » de ses personnages pour ne s’intéresser qu’à la dénonciation des méfaits des patrons, perdant en substance et possibilité d’empathie. On se met alors à rêver de ce qu’aurait pu donner une telle idée avec un peu moins de démonstration, plus d’action et surtout d’humain et de moyens.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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