BABY
Entre relation passionnelle et famille à recomposer
Fraîchement sorti d’un centre de détention pour mineur, le jeune Wellington, 18 ans, découvre que ses parents ont déménagé. Refusant d’aller en foyer, il ère dans les rues de São Paulo et fait la rencontre de Ronaldo, 42 ans, qui tapine et lui dit qu’il pourrait être escort. Celui-ci le prend sous son aile…

"Baby" est un film troublant dont il se dégage une intense chaleur. Si le film démarre sur fond de musique festive, avec une fanfare colorée de prisonniers (tous sont en bleu, devant des portes jaunes), c'est pour mieux marquer le contraste avec la situation du jeune Wellington, libéré de centre de détention pour mineurs. Entre des parents qui ont déménagé, une tentative de retrouver la trace de sa mère en passant au salon de coiffure où elle travaillait, nuit passée dans le métro avant d'être chahuté par un policier, incruste dans un ciné porno, tout tend à désigner celui-ci comme un futur gamin des rues, livré à lui-même. Mais c'était sans compter sur sa rencontre avec Ronaldo, quarantenaire barbu qui se prostitue, et va le recueillir chez lui, devenant quelque chose entre son amant et son maquereau. Il devra d'ailleurs son surnom à un plan organisé par celui-ci, où faisant baiser devant un voyeur, Wellington, auquel Ronaldo met la main dans la bouche, se rebelle, se sentant humilié. Ronaldo lui dit alors : « arrête de faire ton bébé ». Ce surnom de Baby, Wellington l'adoptera alors lors de son premier tapin en solo, dans un sauna.
Histoire d'une relation aussi stimulante que toxique, "Baby" traitera aussi bien de la différence d'âge, du désir d'indépendance, de l'attachement inconscient, que des dangers du milieu dans lequel il évolue (prostitution, deal, arrivée de la meth, dettes, répression policière...). Mais c'est surtout en s'intéressant au contexte familial de son protagoniste, que le scénario apportera une émotion juste, repositionnant le personnage dans des rapports affectifs plus équilibrés, tout en évoquant les questions de violences conjugales et familiales. Par sa photographie aux couleurs chaudes et son interprétation enflammée, "Baby", passé par la Semaine de la critique 2024 où il a reçu la Prix de la révélation pour Ricardo Teodoro (l’interprète de Ronaldo), parvient à transmettre passion comme proximité physique, et livre le portrait vibrant d’un jeune homme en recherche d’une forme de famille.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur