ATO NOTURNO
Vie privée et vie publique
Fabio et Matias sont tous deux membres d’une troupe de danse. Pamela, directrice de casting les approche pour une série télé, souhaitant a priori engager Fabio pour le premier rôle. Un soir, Matias fait la connaissance de Rafael, un bel homme qui l’invite dans une maison qu’on lui a prêté pour travailler, et avec lequel il a immédiatement une relation sexuelle, répétée le jour suivant. En voulant récupérer le lendemain sa veste, Matias tombe sur le responsable de la sécurité qui lui demande de ne pas revenir. En voyant une affiche gigantesque dans le rue, il se rend compte que Rafael n’est autre qu’un des candidats à la mairie…

"Ato Noturno" etait l’un des films gay de la section Panorama de la Berlinale 2025. Enveloppé dans une très belle photographie, jouant avec les effets de perspectives comme couleurs chaudes, le film se concentre sur la rencontre d’un danseur professionnel, Matias, et d’un jeune politicien, Rafael, auquel un entrepreneur a prêté sa maison pour travailler (on y voit une grande maquette d’un projet urbain), tout en développant en parallèle la rivalité entre Matias et un autre danseur de sa troupe, Fabio, voulant tous deux décrocher un rôle clé dans une série télé. Interrogeant les limites de la vie privée quand il s’agit de personnages publics, qu’ils soient bientôt connus pour leur art ou pour leur engagement politique, le scénario choisit de doter les deux personnages principaux d’un goût prononcé pour le sexe en public.
Symbolisant une certaine prise de risque, malgré leurs trajectoires professionnelles respectives, celui-ci se traduit notamment, lors de leur seconde relation sexuelle dans la maison, par le fait que Rafael ouvre les rideaux au lieu de les fermer lorsqu’une lumière émane du bâtiment voisin, suggérant un regard extérieur sur leurs ébats. Abordant le sacrifice d’une relation ou de certains fantasmes quand il s’agit de carrière, le film cosigné Marcio Reolon et Filipe Matzembacher ("Beira-Mar", "Hard Paint") joue aussi sur une autre parabole, liée à la fin du spectacle de danse où Fabio et Matias, collés à un mur, doivent décider (ou provoquer) de la chute d’un des deux, l’autre étant alors mis en lumière par un dernier monologue. Revenant en permanence sur le regard des personnes extérieurs sur eux (voyeurs potentiels, directrice de casting, chef de la sécurité envahissant, public qui vous juge…) "Ato Noturno" souffre d’une fin peut être un peu trop facile, mais bénéficie d’une mise en scène moderne, qui propose quelques scènes rêvées ou de l’ordre du fantasme, appuyées pour certaines par des ralenti et entretenant une tension grâce à une musique aérienne aux violons angoissants. Un film à l’ambiance particulière, entre drame érotique et thriller, qui s’inscrit dans la lignée de "Vent Chaud" ou "Contracorriente".
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur