ASCQ 44 : LES MARTYRS DU NORD

L’autre village martyr

Le 1er avril 1944, dans la France occupée, la résistance fait sauter le chemin de fer près de la gare d’Ascq, ce qui immobilise un train transportant des unités de la Waffen SS. Ceux-ci exercent alors une sévère répression sur la population civile, faisant 86 victimes…

Utilisant une scénographie minimaliste et quelques rares images d’archives ou de reconstitutions, "Ascq 44" ne présente que très peu d’intérêt cinématographique. On se posera alors la question de la pertinence de la sortie de ce documentaire dans les salles obscures quand il semble plus calibré pour la télévision. Mais heureusement il ne s’agit pas d’un documentaire totalement dénué d’intérêt. Il aura au moins le mérite d’évoquer le massacre d’Ascq, un des plus terribles qui ait eu lieu en France pendant la Seconde Guerre Mondiale. En pleine guerre, il avait sidéré l’opinion publique par sa violence et son absurdité. Aujourd’hui il existe dans l’ombre de celui d’Oradour sur Glane, sans doute plus violent et plus absurde encore.

Afin de recomposer le déroulé de cette nuit tragique, le duo derrière la caméra a recours aux dires de quatre témoins des événements. Chacun d’eux y a perdu un parent, et on comprend donc aisément que l’implication personnelle soit très forte et le souvenir encore douloureux, même 80 ans après les faits. L’effet pervers de ce procédé fait cependant que le récit a du mal à se détacher d’un enjeu qui est avant tout émotionnel. Il manque sans doute à ce travail documentaire un regard ayant une distance critique qui permettrait de mieux décrypter la mécanique du massacre. On a peine à croire qu’aucun historien ne se soit penché sur cet épisode de la Seconde Guerre Mondiale. C’est que ceux-ci n’ont pas été conviés à ce travail de mémoire. Or leur fonction dans notre société est de nous aider à nous souvenir des événements passés en nous donnant des clés de lecture et de compréhension. Le massacre d’Ascq méritait de sortir de l’oubli et c’est chose faite grâce à ce documentaire, mais il méritait également un regard plus aiguisé et ce sera donc pour la prochaine fois.

Benjamin BidoletEnvoyer un message au rédacteur

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