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ASAKO 1 et 2

Un film de Ryûsuke Hamaguchi

Les jeux de l'amour, du hasard et des faux semblants

Un jour, alors qu’elle visite une expo photo, Asako remarque Baku un jeune homme ténébreux au look d’artiste. Elle le suit à son insu quand soudain des enfants font exploser des pétards. Cela attire l’attention de Baku qui se retourne et aperçoit la jeune fille dans la fumée. Il s’approche alors et l’embrasse…

En règle générale, le cinéma japonais n'est représenté en Europe que par quelques grands auteurs (Kore-eda, Naomi Kawase ou Kiyoshi Kurosawa pour l'essentiel). Or, depuis quelques mois, apparaissent sur nos écrans les films d'autres réalisateurs nippons, souvent élèves de ceux sus nommés. C'est le cas de Ryûsuke Hamaguchi que le public français a découvert en mai 2018 avec son atypique série de cinéma "Senses".

À l'inverse de ce dernier film, qui laissait la part belle à l'improvisation, "Asako I&II" est adapté d'un roman ("Neme mo samette mo" de Tomoka Shibasaki). Une première pour le réalisateur qui aime bien se laisser porter et sortir du cadre qu'il s'était fixé. À travers cette histoire, le cinéaste peut une nouvelle fois scruter la complexité des rapports humains au travers d'un événement peu commun, voire presque fantastique. Dans "Senses", les quatre amies étaient confrontées à la disparition inexpliquée d'une des leurs et ici, Asako, inconsolable après un chagrin d'amour, tombe amoureuse, deux ans plus tard, d'un homme qui ressemble trait pour trait à son amour déchu.

Porté par toute l'élégance de son style, le réalisateur analyse par petites touches tous les mécanismes de l'amour au travers d'une étude de cas appropriée. Peux t-on tomber amoureux de deux hommes physiquement identiques mais dont les caractères sont opposés ? Baku est impulsif, refusant les conventions alors que Ryohei (son sosie) est réservé et réfléchi. Le premier est souvent poursuivi par des fans alors que le deuxième demande à un inconnu de l'accompagner à une soirée pour ne pas avoir l'air trop asocial.

Asako teste pour ainsi dire le ying et le yang. Après, toute la subtilité est de savoir si elle tombe amoureuse de Ryohei parce qu'il est le portrait craché de Baku… ou si elle est avec lui parce qu'il est l'antithèse de l'homme qui l'a fait tant souffrir et qu'elle ne veut plus être abandonner. C'est ce délicat paradoxe que le cinéaste nous offre de découvrir. Bien sûr, les résultats de cette équation sont loin d'être mathématiques car comme vous savez l'amour a ses raisons que la raison ignore. En découle une délicate chronique sur la recherche du bonheur, filmé presque en apesanteur pour capter le moindre souffle des personnages.

Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur

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