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ARIRANG

Un film de Kim Ki-duk
Avec Kim Ki-duk...

CONTRE : Niveau 0 - Une complainte sensible mais épuisante de banalités

Retiré depuis trois ans tel un hermite dans une cabane au fin fond de la Corée du sud, son pays d’origine, Kim Ki-duk explore ses doutes, ses questionnements, sa culpabilité…

Kim Ki-Duk, auteur sud-coréen admiré des spectateurs des pays occidentaux pour « Printemps, été, automne, hiver... et printemps », « L'Arc », « Locataires », loué par les festivals, est en réalité peu connu dans son propre pays. Depuis un accident qui a failli coûter la mort à son actrice sur le tournage de son dernier film, « Dream », celui-ci est devenu incapable de tourner. Ses assistants l'ont trahi, rejoignant de grosses maisons de production, et les financeurs se font rares. Pour toutes ses raisons, l'auteur a pris sa caméra numérique et s'offre une séance de psychanalyse sur grand écran, à la fois intime et indécente, forcément touchante et pénible.

Si les jeux de mise en abîme sont intéressants, Kim Ki-Duk choisissant de s'interviewer par de multiples « lui », voire par son ombre (chose hautement symbolique de son état actuel), si le cri d'amour pour le cinéma est sincère (il avoue qu'il veut faire des films quoi qu'on en dise, quitte comme ici à tout faire lui-même), on regrettera la platitude des propos sur le cinéma, et pire, le côté discussions de comptoir de la grande majorité des réflexions plus personnelles. Or si l’on est forcément touché par la détresse de l'homme, cela justifie-t-il le prix reçu à Un certain regard en 2011 ? On peut voir là surtout un encouragement au cinéaste, porteur de l'espoir d'un retour au film de fiction.

Espérons en tous cas que les silences de ses prochains films feront oublier, par leur profondeur, certains propos des plus basiques portés dans ce documentaire à part. Côté cinéma, ils apparaissent tantôt comme banales, concernant par exemple le fait que les spectateurs éprouvent des sentiments face aux films (sic), que le cinéma est une manière de communiquer (re-sic), qu'il raconte la vie… tantôt comme cyniques, lorsque l'auteur affirme que les autorités culturelles coréennes ne lui auraient jamais décerné de prix si elles avaient vu ses films, ou qu'il insulte face caméra les acteurs qui jouent les méchants (car cela est bien plus facile...). Côté personnel, les réflexions de Kim Ki-Duk sont tout bonnement navrantes, lorsqu'il affirme que « le blanc et le noir » sont identiques, que l'homme a en lui les deux (le sadisme et le masochisme), qu'il nous parle du stress des plantes et des animaux transmis au corps humain quand il les mange, ou du fait que les hommes vivent ainsi « de morts innombrables » laissés sur leur chemin. On préférera donc se rendre au café littéraire du coin plutôt que d'assister à cette longue agonie d'un cinéaste qu'on espère voir vite revenir à des considérations esthétiques et humaines de plus haut vol.

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