ARCO
Un film d’animation maîtrisé, qui s’adresse avant tout aux enfants
Synopsis du film
Dans un monde dans lequel on vit désormais sur des plateaux de différents niveaux, où s’allient habitations et plantations, le jeune Arco suit du regard trois arcs en ciels dans les cieux. Il s’agit en fait de ses parents et sa grande sœur Ada, revenant d’expédition. Un peu jaloux de celle-ci, il sait qu’il ne sera pas autorisé à voler avant d’avoir 12 ans. Pourtant, à l’aube, il s’empare en secret d’un cristal et d’une cape arc en ciel, et s’élance depuis le rebord de la plate-forme. Mais faisant face à un énorme orage, il ne parvient pas à maîtriser son vol et s’écrase. Au même moment, une petite fille de 10 ans prénommée Iris aperçoit un arc en ciel, à l’étrange tracé. Recherchant son origine, elle trouve Arco inanimé et décide de le ramener chez elle. Mais trois mystérieux hommes étaient aussi à sa recherche, et même si Iris les met sur une mauvaise piste, ils tombent sur le cristal qui pourrait lui permettre à Arco de rentrer chez lui…

Critique du film ARCO
Pour son passage de la bande dessinée au long métrage d’animation, le touche à tout Ugo Bienvenu ("Paiement Accepté", "Préférence Système", "B.0, comme un Dieu", aussi auteur du générique de "Eden" de Mia Hansen-Løve) a mis au point avec son coscénariste Félix de Givry un récit d’anticipation mêlant deux époques dans le futur, et créé une résonance entre les deux grâce au personnage du jeune Arco, venu de l’un pour échouer dans l’autre et étant autant source de complications que de résolutions. Il nous projette ainsi dans un futur pas si lointain, en 2075, où la Terre est devenue inhospitalière, chaque maison ou ville étant désormais sous cloche, protégeant ses habitants. Dans ce monde où la rupture avec la nature semble acquise, où les robots sont devenus des composantes quotidiennes de la vie des humains et où les salles de classes, dotées de projections holographiques, vous projettent dans le passé ou dans des lieux qui n’existent plus. Dans ce monde où vit Iris, 10 ans, l’arrivée d’Arco, venu d’un futur bien plus lointain, et aidé par des enfants de son âge, va faire bouger les lignes.
De thématiques écologiques et de l’avenir assombri de la planète il sera donc question, au fil d’une intrigue où le désir d’Iris de ramener Arco chez lui se heurtera aux intérêts de trois mystérieux chercheurs aux lunettes en W, ayant eux aussi repéré sa chute et récupéré le cristal qui lui permet de voler, et à des hordes de robots lancés à ses trousses l'intelligence artificielle étant désormais partout. Dans un monde au bord du chaos, où Iris semble livrée à elle-même, ses parents absents n'aparaissant sous forme d’hologrammes, c’est l’entraide qui est mise en avant, Arco pouvant compter sur cette petite fille, son camarade amoureux et un robot nourrice. Sans surprendre réellement au niveau graphisme, avec des influences à chercher du côté de Miyazaki (notamment "Nausicaa de la vallée du vent"...) autant que de ceux qui imaginent les mondes ou villes de demain (la série "Skyland"...), le métrage aligne les décors séduisants (au delà du monde d’Arco, un passage magnifique dans un grotte, des incendies gigantesques…), et se dote de moments fantastiques (la transformation en Arc en Ciel...). S’il s’adresse avant tout un public d’enfants ou adolescents, notamment de par ses pointes d’humour, ce film semble cependant trouver écho chez un public plus large puisqu’après sa présentation à Cannes, il a déjà remporté le Cristal du meilleur long métrage à Annecy et le Prix du public du meilleur film français au Champs Elysées Film Festival.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur