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APRÈS LUI

Un film de Gaël Morel

Une réussite des plus intimiste

Un jeune homme prépare avec son meilleur ami, une soirée déguisée, à laquelle tous deux devront se rendre habillés en femmes. Sa mère lui prête ses robes et l’aide même à se maquiller correctement. Plus tard dans la nuit, elle recevra un coup de téléphone: son fils est mort dans un accident de voiture. L’ami, lui, à survécu…

Gael Morel délaisse avec bonheur la première de ses deux obsessions (l'homosexualité), pour mieux développer la seconde (la mort). Après une scène d'insoucience esquissant les rapports complices entre une mère divorcée, son fils et le meilleur ami de ce dernier, il nous plonge d'emblée dans le drame, alignant en quelques minutes hôpital, morgue, enterrement et réunion de famille. C'est alors que son film, comme sa mise en scène, prennent d'un seul coup une certaine envergure. Il lui suffit d'un plan séquence retournant le point de vue, partant de la victime vers l'agresseur, pour que le spectateur bascule avec lui.

En effet, en invitant à la réunion de famille, le meilleur ami, chauffeur malheureux lors de l'accident qui coûta la vie au fils bien aimé, le personnage de la mère crée forcément la discorde. Sujet à des regards méprisants, il essui d'abord critiques, puis insultes et coups. Et le plan où la caméra remonte pour se poser à hauteur de regard d'Elodie Bouchez, soeur meutrie d'incompréhension, en dit long sur le rejet dont il fait l'objet. Le spectateur ne peut alors que prendre fait et cause pour ce jeune homme, faussement solide, que la mère va prendre sous son aile, refusant que l'accident brise sa vie à lui aussi.

« Après lui » est donc le récit d'une apparente générosité de la part d'une mère qui se retrouve seule du jour au lendemain. Chercher à retrouver le fils, à en savoir plus sur lui au travers de l'ami, se refermer sur une histoire passée qui doit trouver une suite en ce garçon qui a gardé quelque chose de lui, c'est peut être là sa volonté. Mais ses rapports avec la famille de ce dernier, ses amis, et professeurs ne sont forcément pas si simples pour celle que Catherine Deneuve incarne avec conviction, étrangère en terrain si proche. Face à elle, on découvre avec intérêt Thomas Dumerchez donnant corps à cet ami dont la vie a calé lors de l'accident.

Pour son quatrième film après « A toute vitesse », « Le clan » et « Les chemins de l'Oued », Gaël Morel passe la vitesse supérieure et nous offre quelques beaux moments de détresse ou de trouble. Avec comme points d'orgues les morbides et fascinants retours sur les lieux de l'accident, « Après lui » renverra chacun aux lieux maudits où quelque chose s'est brisé dans leur vie, et auxquels on retourne pour chercher à comprendre l'indiscible. Une belle leçon de survie, montrant que la douleur peut s'exprimer par bien des biais et s'ouvrir sur un possible avenir.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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