APPRENDRE

Un film de Claire Simon

Être et avoir… Et Apprendre !

Une plongée dans une classe de primaire, un semestre durant, pour nous montrer le quotidien des élèves mais aussi des enseignants. L’objectif ? Nous rappeler que l’école est un endroit pour tous et où les enfants paraissent parfois plus adultes que certains adultes…

Claire Simon est une réalisatrice française de documentaires à caractère social, souvent engagée et prolifique depuis plus de 40 ans (son premier film, "Tandis que j’agonise" est sorti en 1980). Son travail a toujours constitué à rendre compte du réel avec comme ligne de conduite : pas d’effet tape à l'œil, pas de musique (ou presque), tendre vers un cinéma vérité. "Apprendre", qui sort dans nos salles ce mercredi 29 janvier 2025, fait écho à l’un de ses précédents travaux, "Récréation", sorti en 1992. Elle filmait alors une cour de récré en essayant de capturer l'infiniment petit. Avec "Apprendre", elle décide d’élargir son cercle d’étude et s’invite aussi dans la salle et les sorties scolaires. Nous sommes alors transportés, caméra à l’épaule, au milieu des échanges parfois à peine audibles des bambins et d’un professeur tout en bienveillance et calme qui fait son cours.

Le travail d’effacement et d’humilité dont la cinéaste fait preuve en tentant de capter ces moments de pureté d’âme fait que la démarche ne peut qu’inspirer l’admiration. Comme si la caméra n’existait pas, on observe ce microcosme de petits êtres qui échangent autant sur la religion que sur la dernière collection de billes. En quelques séquences (des enfants qui excluent l’un d’entre eux pendant un jeu, le débat sur la religion), Claire Simon nous montre que contrairement à ce que certains clament haut et fort, l'école publique est bel et bien un lieu pour tous les êtres et d’échanges possibles. Dans un monde où les adultes ne savent plus se parler, la cinéaste nous rappelle avec justesse la simplicité de l’humanité à travers le regard de chérubins.

Le montage construit devant nous peu à peu une histoire avec la rentrée des classes, une emphase mise sur quelques portraits, une musique inexistante (hormis la chorale à la fin), et on se surprend à se rappeler de leurs prénoms après la projection. On se surprend à s'attacher à eux, alors que l’on ne voit que des bribes de leur vécu et on constate alors l’universalité du propos. Nous avons tous été un jour Rachid qui ne peut s’empêcher de lever le doigt parce qu’il connaît la réponse. Nous avons tous été ce petit garçon éjecté d’un jeu ou l’inverse, le film nous rappelant la cruauté des enfants les uns envers les autres mais aussi leur authenticité d’émotions, renforcée par l’accompagnement d’enseignants qui prônent le dialogue.

On pourrait presque croire que l’éducation nationale en France ça va pas si mal. Mais c’est bien mal connaître la cinéaste qui, au détour d’un dialogue entre professeurs ou d’un destin contrarié d’un élève, nous rappelle qu’il y a encore beaucoup de travail à faire et qu'il ne peut se faire sans le corps enseignant et encore moins sans les enfants. Un documentaire qui prouve également l’intelligence des enfants face à celle des adultes, corrompus par des années de présupposés et un système qui les broie. Une jolie façon de crier tout en lançant des fleurs. C’est qu’elle est maline Claire Simon.

Germain BrévotEnvoyer un message au rédacteur

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