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ANNE FRANK, MA MEILLEURE AMIE

Un film de Ben Sombogaart

L’amitié plus forte que la haine

À Amsterdam, Anne Frank et Hannah « Hanneli » Goslar sont deux jeunes filles qui rêvent d’un bel avenir. Si leur amitié est parfois fragilisée par les vicissitudes de l’adolescence, scènes de jalousie à la clé, c’est une menace bien plus grave qui va rompre leurs liens…

Anne Frank, ma meilleure amie film movie

Sortie le 1er février 2022 sur Netflix

En 2021, avec le film d’animation "Où est Anne Frank !", Ari Folman s’est approprié l’histoire de l’une des plus célèbres victimes de la Shoah en exploitant notamment le personnage de Kitty, l’amie imaginaire qu’évoquait Anne Frank dans son journal. Voilà désormais un film néerlandais, plus classique dans la forme, qui s’inspire d’une autre amitié d’Anne Frank, réelle cette fois, avec Hannah Goslar. Rescapée des camps, cette dernière s’est régulièrement confiée sur leur histoire depuis les années 1980, notamment auprès de l’écrivaine américaine Alison Leslie Gold qui en a tiré un ouvrage, qui sert de base pour le scénario de ce long métrage.

Le réalisateur, Ben Sombogaart, choisit d’alterner deux périodes : l’une avant la déportation des deux ados, à Amsterdam, l’autre dans le camp de concentration de Bergen-Belsen. S’il on n’est pas familier de l’histoire d’Hannah Goslar, certains repères peuvent manquer au début. Il faut ainsi un petit temps pour comprendre quels personnages sont mis en scène dans le camp, à cause de la proximité des prénoms Anne et Hannah mais aussi d’une relative ressemblance entre les deux actrices (la dégradation de l’apparence physique dans le camp perturbe évidemment l’identification). Si cela altère la compréhension pendant un moment, cela produit aussi un effet bénéfique en liant encore plus profondément (même charnellement) le destin parallèle des deux amies.

Cette alternance est d’ailleurs le principal intérêt de ce film. Les jeunes ados tentent, sans avoir besoin de forcer leur insouciance, de vivre une jeunesse normale (les flirts, les secrets, les jalousies, les disputes…) et de rêver (de voyages, de cinéma, de célébrité…), et ce malgré l’occupation nazie aux Pays-Bas et les différents signes qui devraient les mettre sur le qui-vive en permanence (l’étoile jaune, les rafles régulières, les humiliations de la part des soldats allemands, les parents perpétuellement inquiets…). Chaque scène de brutalité et d’inhumanité, et notamment chaque flashforward se déroulant dans le camp, matérialise la fragilité de leur quête de bonheur, le fil minuscule qui les maintient en vie à cause de l’effroyable contexte dans lequel Anne et Hannah évoluent.

Si tous les autres aspects du film sont assez communs, on repère peu de fausses notes (remarquons quand même des décors parfois trop artificiels et quelques actions dans le camp à la mise en scène douteuse) et le tout sert efficacement ce drame bouleversant. Les deux actrices incarnant respectivement Hannah et Anne, Josephine Arendsen (vue dans "Ma folle semaine avec Tess") et Aiko Beemsterboer, sont par ailleurs à la hauteur de leurs personnages, tantôt spontanées, espiègles ou joyeuses face aux défis de leur âge, tantôt effondrées ou combattives face à l’horreur nazie.

Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur

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