ANIMALE
Le fruit d’un sujet d’actualité et d’un effet de mode
Nejma, jeune femme dans la vingtaine, monte à cheval et participe à des courses camarguaises. Elle s’intéresse en particulier à un taureau dénommé Tonnerre, âgé de 6 ans. Un soir, lors d’une soiree d’excès, elle s’éloigne dans les prés, une bouteille à la main et s’évanouie. A son réveil, elle est prise de vertiges et de nausées, et doit se faire faire des points de suture. Le lendemain, elle ne peut s’empêcher de gratter la plaie et se découvre une excroissance aux hanches…
Il y avait à la base de "Animale" deux bonnes intentions : celle d’immerger le spectateur au sein d’une communauté particulière, des éleveurs de chevaux de la petite Camargue, l’autre de dénoncer certains comportements des milieux masculins. Malheureusement le film est aussi le fruit de deux tendances qui peuvent parfois assurer le succès d’un film, ici associées : une histoire qu’on devine rapidement de l’ordre du #metoo, pour cette jeune femme ayant du mal à s’imposer dans un milieu d’hommes (après sa première course, le personnage de Nejma a droit à un vachard « c’était bien pour une fille »), et un fond fantastique à la française ([Attention Spoiler] : après l’agriculteur loup-garou dans la comédie horrifique "Teddy", voici ici que plane l'ombre d'un taureau-garou). Difficile de ne pas voir ainsi là une tentative de cocher deux cases sur lesquelles des producteurs parieraient aisément en cette époque, d’autant que le film se conclue sur un véritable cri de révolte.
Transformant ainsi rapidement son récit anthropologique en un thriller où la menace plane sur Nejma, et réussissant quelques scènes de tension (le malaise lors d’un dîner avec gros plans sur les bouches et la mastication de la viande, le cauchemar où le personnage s’enroule dans la moustiquaire, les tirs entre les planches...) Emma Benestan finit cependant par lasser en démultipliant à l’envie les belles images sur la nature environnante. Si les scènes de transformation sont plutôt réussies, les ressorts autour de la traque d’un animal qui sème la panique sont usés jusqu’à la corde. Reste la performance, assez physique, de Oulaya Amamra, qui parvient à rester droite face aux effets de meute.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur