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AMORE

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Quand l'amour est une impasse... pour le spectateur

L'amour est imprévisible, on le sait. Et il peut survenir aussi dans les situations les plus délicates, c'est à dire quand il est le plus susceptible de créer le scandale et d'emmener tout le monde à sa perte. C'est en général ce que le cinéma choisit le plus souvent, sinon ce ne serait pas plus palpitant que cela. C'est donc de cet amour « impossible », celui dont Emma va faire les frais, qu'il est question ici. Sauf que de nos jours, cette passion dévorante et subite qui peut enflammer un être humain a été tellement utilisée à l'écran qu'elle en est devenue banale. A moins bien sûr d'en renouveler la forme, en trouvant des solutions narratives et formelles, nouvelles et originales. Ce n'est pas le cas ici, en tout cas pas dans le sens d'une réelle esthétique cinématographique.

Le film commence par un dîner qui permet de faire connaissance avec les personnages et leurs névroses. Puis une rapide et anodine rencontre entre nos deux futurs amants les met en contact en douceur, sans qu'ils suspectent la future passion qui va les ravager : tout est normal. Mais on commence à ciller quand Tilda « Emma » Swinton ressent le vrai coup de foudre pour son chéri de cuisinier : car c'est en mangeant un de ses plats que le temps s'arrête, qu'elle savoure au ralenti et en gros plan des crevettes qui seront en fait les véritables coupables du futur amour naissant. On se croirait dans une pub pour Ferrero rocher...

Puis l'agacement s'installe définitivement dans les scènes de sexe et de nudité. Pour représenter les ébats de nos deux tourtereaux dans l'herbe, la communion de l'homme, de la femme et de la nature consiste ici à filmer en gros plan les insectes environnants et les tétons gorgés de désir et de poils de Tilda « 50 years old » Swinton. Celle-ci est néanmoins une excellente actrice, reconnaissons-le, c'est plutôt certains choix de mise en scène qui font douter de la qualité globale de cette œuvre.

Le summum du n'importe-quoi est atteint dans les dernières minutes du film, ou tout n'est plus que dénuement de toute part. La mort intervient (je ne dirai pas pour quel membre de cette famille) et, se sentant coupable, Mrs Adultère avoue son méfait à son mari, puis quitte la maison dans un sprint qui n'aurait rien à envier à Usain Bolt, le tout sur une musique tonitruante digne d'une fin de space-opéra.

Si vous voulez du bon cinéma italien, le festival Lumière 2010 est imminent et propose une rétrospective intégrale Visconti. C'est cette porte-là qu'il vous faudra ouvrir.

Rémi GeoffroyEnvoyer un message au rédacteur

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