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AMERICAN NIGHTMARE

Un film de

Une réflexion biaisée sur la violence et le port des armes

Dans un futur proche, aux États-Unis. James Sandin rentre dans sa villa située au beau milieu d’un quartier de résidences privées de luxe. James Sandin est heureux : sa carrière professionnelle se porte à merveille surtout grâce à l’événement qu’il s’apprête à « fêter » avec les siens : la purge. En effet, une fois par an, l’État ferme les yeux une nuit et autorise les Américains à se laisser aller à toute violence meurtrière. Et James Sandin vend des systèmes de protection ultra-perfectionnés pour maisons, faisant sa fortune personnelle. Alors cette année encore, la purge il n’y participera pas mais restera bien cloîtré dans sa demeure tandis que dehors les crimes les plus odieux pourront être commis en toute impunité… sauf que cette nuit-là ne se passera pas comme prévu…

Aux États-Unis, avoir une arme à feu est garanti par le deuxième amendement de la Constitution du pays. Sauf que les actualités américaines ont dramatiquement enchaîné les crimes ces derniers temps (de Trayvon Martin à la tuerie de Newton en passant par la fusillade lors de l’avant-première de "The Dark Knight Rises"). 300 millions d’armes sont détenues sur le sol américain (pour 315 millions d’habitants !) et on dénombre près de 30 000 victimes annuelles par arme à feu ! L’idée d’un film qui autorise quiconque à se servir de son arme durant 12 heures sans être inquiété par la police relève finalement du fantasme primaire d’un nombre certain d’Américains qui iront probablement voir le long-métrage avec envie. Pour eux ce n’est en rien un American nightmare, bien au contraire… on nagerait plutôt dans l’American dream. Notez d’ailleurs l’ironie de notre titre anglais qui n’est pas le titre original, et qui a seulement été choisi pour notre pays comme semblant davantage refléter la manière dont chez nous on se ferait l’idée d’une telle nuit de crimes impunis, cette « purge » comme le dit plus explicitement et plus viscéralement le titre américain.

Difficile d’ailleurs de savoir où veut en venir le film. S’il se positionne contre ou pour. Pourtant, il énonce clairement dès le début la problématique du contrôle des armes avec ses séquences de reportages télévisés composées d’actes de violence hyperréalistes. L’état des lieux dressé, le film se lance dans l’histoire de la « purge » et montre un pauvre type (soit un SDF noir, bravo l’originalité), pourchassé par des tueurs d’un soir, qui se réfugie chez des gens ne prenant pas part à cette « cérémonie morbide » et qui vont devoir choisir entre le protéger (et se mettre en danger de mort) ou le livrer à ses assaillants (ce qui revient à le condamner à mort). La bonne morale fera que la famille décidera de protéger le SDF au péril de sa vie… mais finalement avec les mêmes moyens que les acharnés d’une nuit. Soit avec des armes, de l’ultra-violence et du sang, beaucoup de sang !

Le film finit donc par faire l’apologie de la violence : en montrant comment s’en prendre aux plus faibles et à ceux que l’on juge indésirables dans la société, et en montrant comment les armes peuvent arriver à nous défendre, car on le sait bien, le principal argument des Américains pour justifier la nécessité des armes à feu, c’est « Comment se défendre face aux criminels si je n’ai pas moi-même d’armes ? ». "American Nightmare" est en cela dérangeant. D’autant plus dérangeant que film explique par ailleurs que cette nuit de purge a complètement éradiqué toute autre forme de violence le reste de l’année, faisant des classes dominantes armées le remède aux maux de la société américaine… Ben tiens ! Ce n’est pas avec des films de ce calibre qu’on va s’en prendre efficacement aux racines du mal.

Sur un aspect purement cinématographique, James DeMonaco (dont c’est le deuxième long-métrage après "Little New York") réalise un film mineur de home invasion qui arrive à quelques moments clés à tenir le spectateur en haleine mais qui pêche surtout par la pauvreté de son scénario*, qui ne tient jamais vraiment debout avec ses situations idiotes qui se succèdent comme les cadavres se ramassent à la pelle… Un brûlot qui se transforme rapidement en petite série B.

Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur

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