ALPHA

Un film de Julia Ducournau

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Synopsis du film

Alpha a beau n’avoir que 13 ans, elle aime se comporter comme une adulte, sortant et faisant la fête comme si elle était majeure. Mais le jour où elle rentre avec un tatouage au bras, les conséquences seront bien plus terribles qu’anticipées…

Critique du film ALPHA

Après sa Palme d’Or obtenue en 2021, Julia Ducournau était grandement attendue pour son retour sur la Croisette. Si beaucoup s’attendaient à vivre une nouvelle expérience gore et sensorielle, peu avaient prévu que celle-ci serait aussi consternante, plus proche de Luc Besson que de David Cronenberg. D’ailleurs, après avoir eu des réserves sur la pauvreté des dialogues de ''Grave'' et les intitulés de séquences de ''Titane'', ''Alpha'' ne fait que révéler au grand jour des lacunes déjà entrevues : la forme sublime vient cacher un néant scénaristique abyssal, où l’on confond mystère et nonchalance.

Pourtant, le film s’ouvre sur un plan époustouflant, où l’on plonge littéralement, via un zoom, dans le titre, avant de ressortir par les orifices d’un bras tacheté des différents stigmates de ses prises de drogue. Cet incipit en trompe l’œil sera l’une des seules satisfactions de cette entreprise soporifique, où les cris et les pleurs incessants des protagonistes exaspèrent au bout de quelques instants, tant ceux-ci incarnent une surenchère mélodramatique complètement stérile. Dans cette dystopie du passé, probablement à la fin des années 80, dans une ville qui ne dit pas son nom, une terrible pandémie touche la population, transformant les malades en des statues de marbre. Alpha, une gamine de 13 ans, revient un jour chez elle avec un tatouage au bras. Sa mère, médecin, panique immédiatement, l’aiguille n’était probablement pas stérilisée. Est-ce que sa fille a été contaminée ?

Drame familial et chronique paranoïaque sur une épidémie, le métrage ne réussit jamais à réconcilier ces deux récits, ne cherchant rapidement à même plus les résoudre. L’enjeu pour Julia Ducournau est ailleurs, dans la recherche plastique, dans la poursuite de son cinéma ô combien charnel. Indéniablement, ses talents esthétiques nous offrent des visions mémorables, à l’image de ses patients contaminés dont le corps d’albâtre envoûte, tout comme son travail sur les textures, le sang qui ne cesse de couler de la petite fille en opposition à l’argile friable de l’épidémie, symbole des deux thématiques qui habitent son œuvre. Le problème, c’est que les deux narrations ne se croisent jamais, donnant la désagréable sensation d’assister à deux (mauvais) films indépendants.

Avec des acteurs investis mais embourbés dans une partition monocorde (hurler ou chialer, des fois en même temps), un scénario exaspérant et une mise-en-scène pédante et démonstrative, ''Alpha'' annihile tout impact émotionnel (et si ce n’était pas suffisant, la musique omniprésente finit par nous achever). On devient alors prisonnier d’un système qui accumule les scènes trop étirées, les répliques trop appuyées, les symboliques trop artificielles. On aurait aimé qu’après ''The Substance'', une nouvelle réalisation française soit le choc du Festival de Cannes. Mais ici, le bouleversement rime uniquement avec désespérance...

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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