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ALLENDE MON GRAND-PÈRE

Le récit intense et émouvant d’une famille marquée par l’histoire

Quarante ans après le coup d’état qui a coûté la vie à Salvador Allende, sa petite-fille Marcia interroge grand-mère, mère, tante, frère et cousins pour évoquer leurs souvenirs, entre exil et tragédies...

Le 11 septembre 1973, La Moneda (siège de la présidence chilienne) est assaillie par l’armée. Retranché à l’intérieur, Salvador Allende est sommé de quitter le pays avec toute sa famille. Il fait alors évacuer ses proches mais refuse personnellement de céder et décide de se donner la mort. Sa femme, deux de ses filles et leurs enfants seront accueillis par le gouvernement mexicain. Sa seconde fille, Beatriz, qui était aussi son assistante, préfère elle rejoindre Cuba, où elle mettra, elle aussi, fin à ses jours quatre ans plus tard.

35 ans après ce drame historique, Marcia, qui n’avait que deux ans lors du coup d’état, décide de revenir au Chili. Elle a pour projet de recueillir des témoignages afin de réaliser un portrait intime de son grand-père. Elle visite chaque membre de sa famille accompagnée d’un caméraman pour qu’ils se remémorent leurs souvenirs personnels de cet aïeul charismatique. D’un tempérament déterminé, la réalisatrice ne ménage pas ses proches. Elle questionne, insistante, n’hésitant pas à revenir à la charge pour briser le silence et révéler les ressentis de chacun face à l’absence des personnes disparues.

De prime abord, cette attitude semble importune, mais la bienveillance de la famille et la prédisposition de la cinéaste à accepter la critique effacent toute sensation de voyeurisme. Au contraire, son obstination révèle progressivement un émouvant portrait de famille pudique et poignant. Sans évoquer une seule fois le nom du général Pinochet, chacun des protagonistes va mettre des mots sur les traumatismes causés par cette tragédie familiale. Seule la grand-mère restera silencieuse, mais ses regards en disent long sur son courage et son intelligence d’esprit. Le film révèle ainsi toute la sensibilité de cette famille meurtrie, qui tente de se reconstruire entre souvenirs heureux passés dans la maison de vacances de Valparaiso et le devoir de mémoire d’un grand-père qui s’est sacrifié pour ses idées. Passionnant et intensément émouvant !

Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur

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