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ALL IS LOST

Un film de J.C. Chandor

Une passionnante histoire de survie

Alors qu’il navigue au large de Sumatra, un homme voit son voilier percuté par un container dérivant à la surface de l’eau. Situé au dessus de la ligne de flottaison, l’impact est réparable mais la collision a endommagé la radio, empêchant tout contact avec les secours. Marin expérimenté, « notre homme » colmate méticuleusement la coque quand, au large, une immense tempête s’annonce…

« Notre homme », on ne sait rien de lui, pas même son nom. D’où vient-il ? Où va t-il ? Qu’importe ! Son voyage s’est arrêté là, au beau milieu de l’océan. Déconnecté de tout repère géographique et météorologique, l’homme ne panique pas. Visiblement navigateur émérite, il possède au fond de sa cale tout le matériel pour parer au moindre incident. Calmement, il analyse la situation et procède méthodiquement aux mesures d’urgence pour pouvoir retrouver la terre ferme. Malheureusement, cette avarie ne sera pas la dernière et le voilà alors piégé au beau milieu de l’océan, seul, face aux éléments.

Objective, la caméra accompagne « notre homme » comme si elle était, elle-même, prisonnière de ce bateau. Posée, elle l’observe dans ses moindres faits et gestes, se réfugie avec lui dans la cabine quand la tempête gronde et s’éteint quand il s’endort. Chaque plan est tourné à ses côtés, sans recul, ni effet de style, sauf lorsque l’objectif devient subjectif et introduit le point de vue d’un autre protagoniste, l’océan. Du fond de l’eau, il observe « notre homme » dérivant à sa surface, attendant le moment où celui-ci sombrera dans ses abîmes.

Parfaitement maitrisé, "All is Lost", décortique toutes les phases de l’état de survie. Son propos, purement didactique, se défait de toute empathie pour coller au plus près de son personnage au moral d’acier (Il faudra attendre plusieurs jours et un état de fatigue avancé pour le voir hurler au ciel, un retentissant « Fuck! »). Sans temps mort, le film examine toutes les solutions envisagées par notre héros pour remédier à chaque problème. Qu’il utilise du matériel de survie sophistiqué ou qu’il réalise un petit bricolage ingénieux pour avoir de l’eau douce, « notre homme » captive par son ingéniosité et sa maîtrise de soi.

Néanmoins, l’expérience seule ne suffit pas à ramener à terre un homme à la dérive. Il faut aussi avoir de la chance. Quasi documentaire, la facture hyper réaliste du film porte le suspens à son paroxysme, car aucune fin n’est écartée. Ici, pas de promesse de happy end car tout peut arriver (tempête ou bien bateau) ou à l’inverse, rien ne se produira et l’homme mourra de soif sous le soleil de plomb. Brillamment interprété par Robert Redford, « notre homme » impose la stature d’un homme exemplaire qu’on ne peut qu’admirer. Un sentiment exalté par une mise en scène savamment épurée qui garde le cap sans jamais dériver de son objectif, explorer ce que nous avons tous ancré au fond de nous : l’instinct de survie.

Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur

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