AIMONS-NOUS VIVANTS

Valérie Lemercier dans un rôle cousu main

Antoine Toussaint, chanteur aux 22 albums, a décidé de se rendre en Suisse pour mourir dans la dignité, accompagné par une association locale. Mais dans le TGV pour Genève, il fait la connaissance de Victoire, femme pas très stable, en permission pour le week-end alors qu’elle est incarcérée, qui se rend en douce au mariage de sa fille, Constance, alors qu’elle n’a pas le droit de passer la frontière. Lui offrant son porte document avec une dédicace, il ne se rend pas compte que son manager a mis son passeport et son formulaire dedans. Il se présente alors le lendemain devant l’église où a lieu le mariage, repoussant sa mort de 24 heures, et espérant convaincre Victoire de lui rendre les documents, dont il a besoin pour son suicide assisté…

Du nouveau film de Jean Pierre Améris ("Les Folies Fermières", "Les Émotifs anonymes") on retiendra un élan de vie incarné par une Valérie Lemercier en pleine forme, pour laquelle le rôle semble avoir été écrit sur mesure. Constance est en effet une femme enjouée, avenante, peut-être un peu envahissante, dont l’entrée fracassante dans la vie d’Antoine, chanteur solitaire dont le seul ami est son manager (Patrick Timsit, en suiveur parfait, secondé par une secrétaire trop émotive) va potentiellement tout bouleverser. La scène d’ouverture du film pose d’ailleurs parfaitement le point départ du côté d'Antoine Toussaint, alors que l’on voit le chanteur sur scène à l’Olympia, dans un tour de chant où les projecteurs l’isolent volontairement, le public étant juste audible et son manager étant le seul être vivant visible, dans les coulisses.

La suite nous entraîne, comme lui, à la suite du personnage de Victoire, délicieuse petite flamme qui a pour devise : « une chose interdite par jour ». Les situations s’enchaînent avec fluidité, de malentendus en répliques bien senties (« c'est comme découvrir que Tintin voudrait faire piquer Milou »...) ou expressions fleuries (« vous êtes blanc comme une merde de laitier »...), grâce à cette femme sans grand filtre, reine de l'incruste (dans un train, un taxi, à un mariage...). Progressivement, alors que la romance se développe, une véritable émotion naît, portée par de jolies scènes où ces deux êtres sans réelle perspective tentent réciproquement de sauver la mise à l'autre. Ponctué de scènes de comédie mémorables (la description détaillée du braquage, la mort supposée du chanteur qui fait titre à Libération "Toussaint avant l'heure"...), "Aimons-nous vivant" se révèle en comédie soutenue qui pourrait réveiller un peu les salles de cinéma en ces vacances de printemps.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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