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A MINOR LEAP DOWN

Un film de Hamed Rajabi

La solitude de la femme iranienne

Une femme vient d'apprendre que le bébé qu'elle attendait est mort, le fœtus étant toujours en elle. Incapable d'annoncer la nouvelle à ses proches, elle a l'impression que personne ne l'écoute. Soudainement, elle décide de ne plus agir comme chacun attend d'elle, et de laisser la logique au vestiaire...

Grâce à son actrice principale, Negar Javaherian, d'abord dévastée, puis laissant paraître une indifférence cynique, ce petit film iranien réussit à cibler l'incapacité d'un entourage à ne serait-ce qu'envisager l'existence du drame. À l'image de cette première scène où une mère lui demande pour quand est la naissance, et qui s'éloigne sans rien dire lorsqu'elle ne sait comment gérer la réponse, le scénario construit l'incompréhension face à cette femme, engagée dans une provocation incessante visant en réalité à créer une certaine auto-protection.

Au travers de dialogues ou scènes d'apparence décalée, c'est finalement la condition de la femme iranienne qui se dessine, comme le carcan dans lequel elle est censée inscrire son attitude. Ses actions (contradiction du médecin, départ du boulot en plein rush, achat de la robe la plus chère avec la carte bleue du mari, provocation d'un accident...) en disent également long sur le modèle qu'elle représente, et auquel toute dérogation même ponctuelle, devient suspecte. L'une des scènes, d'un cynisme absolu, enfonce à ce propos cruellement le clou.

Inféodée à l'argent du mari, enfermée dans un devoir de parenté et de souffrance silencieuse, c'est ainsi que le rythme du long métrage prend le temps de faire apparaître cet être, pour lequel le compteur tourne pourtant. « A minor leap down », prix de la critique au festival de Berlin 2015 dans la section Panorama, met le doigt là où ça fait mal : sur la difficulté d'admettre publiquement un tel drame, dans une société où le mélange de morale et religion fait planer un doute malsain sur l'origine de celui-ci, au lieu de réconforter l'être humain.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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