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À LA VIE

Une jolie histoire d’amitié ternie par quelques faiblesses de narration

En 1945, Hélène est libérée du camp d’Auschwitz. À Paris, elle retrouve son appartement et reprend petit à petit une vie normale auprès de ses voisins. Régulièrement, elle fait passer une annonce dans le journal afin de retrouver Lili, son amie de déportation dont elle est sans nouvelles...

Il y a quelques années, Jean-Jacques Zilbermann a filmé le témoignage de sa mère et de ses amies, toutes trois rescapées d’Auschwitz. Ce documentaire, intitulé « Irène et ses sœurs », ne fut jamais diffusé et c’est sous forme de fiction que le réalisateur décide à présent d’évoquer cette profonde amitié née dans l’horreur d’un camp de concentration. Ce terrible épisode, le réalisateur le remémore rapidement en prélude de son histoire pour se focaliser ensuite sur le retour « À la vie » des ses héroïnes.

Pour magnifier cette renaissance, Jean-Jacques Zilbermann construit son récit dans l’insouciance estivale d’une station balnéaire au temps des sixties. La photographie, belle et soignée, sublime à la perfection les trois amies qui peuvent alors se permettre d’être coquettes en revêtant de jolis bikini. Or à trop vouloir embellir les choses, le réalisateur force maladroitement le trait : les comédiennes sont maquillées comme des stars dès le réveil, les dialogues trop écrits sonnent souvent faux, et la musique, omniprésente, donne l’impression d’un hommage enveloppé dans du coton. Évoquer une personne chère, qui plus est quand celle-ci a vécu l’horreur de la déportation, n’est donc pas forcément chose facile.

Heureusement, « une danse au rythme merveilleux, à danser seul, à quatre ou bien à deux… » vient provoquer l’étincelle en la personne de Pierre, le moniteur du club Mickey, qui twiste comme un dieu sur la plage. Le film prend alors de l’épaisseur, en insufflant dans sa seconde partie, la légèreté d’un amour de vacances à ces retrouvailles lourdes de souvenirs. Le personnage d’Hélène, comme libéré de son carcan d’icône maternelle, devient alors profondément attachant. À son image, la mise en scène devient plus instinctive et met alors à profit ses efforts d’esthétisme pour révéler de très jolies scènes sensibles et spontanées. Au final, « À la vie » est certes peu à l’aise pour témoigner d’un passé douloureux, mais sait joliment parler d’amour, et c’est le plus important.

Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur

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