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16 ANS

Un film de Philippe Lioret

Un Roméo et Juliette moderne et inspiré

Léo, nouveau au lycée, intègre la classe de Seconde de Nora. Le courant passe entre eux immédiatement. Tarek, le frère de Nora, employé dans l’hypermarché local, est accusé d’avoir volé une bouteille au prix élevé et renvoyé. Revenu pour faire un esclandre devant les clients face au directeur, qui n’est autre que le père de Léo, et rameutant des potes, la situation dégénère. Le père de Léo est alors mis en retrait, perdant son intéressement, c’est-à-dire près de 50 % de ses revenus, dans l’attente d’une mutation sur un autre site. Découvrant les deux ados dans leur piscine, il chasse Nora, que son frère aussi tente d’éloigner de Léo…

16 ans film movie

Si le nouveau long métrage de Philippe Lioret ("Je vais bien ne t'en fais pas", "Welcome"...) est aussi puissant, c’est qu’il adapte librement une histoire d’amour contrarié, Roméo et Juliette, en lui donnant un contexte et une résonance toute contemporaine. Car c’est ici d’une part la différence de classes sociales (entre la famille aisée d’un directeur d’hypermarché et une famille des cités, dont le fils s’est endetté avec les mauvaises personnes – un « Serbe »), et les différences culturelles qui servent de terreau à la haine grandissante entre les deux familles. Pris en étau, dans toute leur innocence, les personnages de Nora et Léo, impeccablement interprétés par la nouvelle venue Sabrina Levoye et par Teïlo Azaïs (déjà vu pour sa part dans "Louise Wimmer", la triloge "C'est quoi cette famille" et la série "Un si grand soleil"), seront donc, on le sait par avance, les grands perdants de l’aventure.

Et cette relecture, d’une rare intelligence, permet de questionner avec force les échappatoires, pour des jeunes femmes issues de familles maghrébines, à des situations de déscolarisation, de pression des « grands frères » à la limite du harcèlement, d’obligation de port du voile ou d’exil forcé au « pays », ou de reposer le débat du déterminisme social. Inspiré, Philippe Lioret recrée non seulement l’affrontement des familles sous forme d’intrusion de « gang » dans l’hypermarché, mais aussi la fameuse scène du balcon, en bas d’une barre d’HLM, avec SMS interposés. Il réussit là un grand drame, moderne, incluant ponctuellement une symbolique forte, mais discrète (la scène où l’amour prend place, dans une cave, derrière une porte dont on voit le verrou…), représentant tout l’interdit de cet amour pourtant incandescent. Sortez vos mouchoirs et direction les cinémas pour découvrir cette passion contrariée à "16 ans".

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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