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1341 FRAMES OF LOVE AND WAR

Un film de Ran Tal

Remettre les choses en place : la mémoire face aux archives

Une tentative pour retracer la riche carrière de Micha Bar-Am, photographe de guerre israélien, né en 1930 à Berlin. Alors que sa mémoire a tendance à mélanger certains moments, d’autant que ses planches contact mixent moments personnels et photos de conflits, c’est sa femme Orna, qui a aussi été son archiviste, qui permet de remettre les morceaux dans l’ordre…

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Le documentaire commence avec quelques clichés signés Micha Bar-Am, d’une beauté lugubre montrant des tranchées consolidées par des amas de sacs, centaines d’éléments bravant la boue ambiante. Ils confirment ici les propres dires du photographe, comme quoi « certains clichés d’horreur sont parfois esthétiques ». Au micro on entend le photographe lui même, et en arrière sa femme, qui fut son archiviste, notant à la fois lieux et moments des photos, mais aussi les anecdotes qui pouvaient les accompagnées. Après une succession de planches contact qui par leur quantité envahiront l’écran jusqu’à raz bord, commence l’évocation de certains moments particuliers (guerre des 6 jours en juin 1967, procès du nazi Adolf Eichmann, guerre du Kippour en octobre 73, guerre du Liban en 1982…) que le metteur en scène va faire alterner avec l’histoire personnelle de l’homme (ou plutôt du couple).

A travers de ce passionnant portrait, virant presque à la discussion entre cet homme et sa femme, c’est la puissance de la photographie et sa signification qui va être discutée. Ressort ainsi par exemple une photo d’un soldat avec une sorte de collerette de balles, questionnant avec évidence les liens entre guerre et religion. Se pose aussi la question pour le photographe de la glorification des militaires, l’homme évoquant alors sa gêne face à un cliché en particulier : des soldats fiers et souriants devant des cadavres de membres de l’OLP, tels des chasseurs exhibant leurs proies (Banana’s Crater). L’homme se révèle alors un petit peu derrière les photos et les mots, malgré sa difficulté à remettre les choses dans l’ordre (le film adoptant d’ailleurs volontairement une structure non totalement linéaire), conscient que « derrière le succès d’une photo il y a la tragédie de quelqu’un d’autre ». Un portrait assez inoubliable, que des bruitages, accompagnant avec ingénuité la plupart des clichés, rendent particulièrement impactant.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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