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Gérardmer 2025

Festival de Gérardmer 2025 : sélection Films Hors-compétition

Qui dit festival de films fantastiques, dit listes de films fournies avec évidemment certains sélectionnés qui se battront pour les différents prix à la fin des festivités. Mais il est toujours conseillé de prêter attention à ces œuvres dites « hors compétition », ou hors concours. Car bien souvent s’y nichent des pépites inattendues comme « These final hours » de Zak Hilditch (2014), « Prevenge » de Alice Lowe (2016), « Sam was Here » de Christophe Deroo et la liste est longue. Cette année comme pour ceux sélectionnés en compétition, les esprits maléfiques seront de la partie ainsi que les expérimentations scientifiques qui tournent mal. Petit tour de cette série de films aux pitchs tous aussi alléchants les uns que les autres.

Des malédictions qui perdurent

C’est le thème présent sur le festival cette année, ces malédictions, ces mauvais sorts qui s’abattent sur les honnêtes gens. Sommes-nous alors étonnés de voir le dernier Steven Soderbergh, "Presence", à l’affiche pour cette édition ? Il s’agit du même cinéaste qui avait tourné un long métrage entièrement à l’Iphone avec "Paranoïa" en 2018 où on suivait une jeune fille en proie à des persécutions dans un hôpital psychiatrique. Avec un scénario de David Koepp ("Jurassic Park"), "Presence" s’annonce avec son synopsis classique (une famille emménage dans une maison peut être hantée…) mais nous ne sommes pas à l’abri d’être surpris par ce réalisateur hétéroclyte et sur-productif. Avec "Last stop : Rocafort Station" de Luis Prieto ce n’est plus une maison mais un métro entier qui se voit être l’hôte de manifestations de l'au-delà. Nous suivrons Laura, fraîchement employée dans le transport souterrain de la ville qui devra faire la lumière sur ces événements inexpliqués.

"The Mogwai" quant à lui, nous réserve son lot de mystères, avec son couple d’aborigènes qui accueille son second enfant et étrangement, des choses qui vont petit à petit virer au cauchemar surréaliste. Réalisé par Jon Bell et adaptant son propre court métrage ("The Chuck in the Mogwai", 2020), il devrait permettre de renouer avec les angoisses liées à la parentalité et l’arrivée d’un nouvel enfant au milieu d’un couple. On se souvient avec délectation mal placée de "Grace" de Paul Solet, lui aussi présenté hors compétition en 2009 au festival, qui nous a laissé quelques marques indélébiles, et espérons que ce "Mogwai" soit du même acabit. "Crimson snout" de Lưu Thành Luân conte aller également dans cette direction. Le retour du fils prodige et de sa petite amie au sein de la famille risque de ne pas se passer de la meilleure des façons. Une ambiance lourde qui nous rappelle les fêtes de fins d’année, qui fait que "Crimson Snout" risque d’être un train fantôme qui réserve son lot de surprises.

Une anticipation mortelle

Quel plaisir de voir que le genre du film d’anticipation est de retour au festival après quelques années où il se faisait discret. On se souvient évidemment du choc d’Alex Garland en 2014 avec son "Ex Machina", "The Signal" l’année passée de William Eubank ou encore le génial "Coherence" de James Ward Byrkit qui nous avait bien retourné le cerveau. Dès l’ouverture de sa 32ème édition, le festival ouvrira les hostilités avec un film d’anticipation qui n’a pas l’air de manquer d’humour noir : "Companion" de Drew Hancock. Un robot créé pour aimer son propriétaire voire plus si infinités… Qu’est ce qui pourrait mal tourner n’est ce pas ? Avec au casting la géniale Sophie Thatcher (vue récemment dans "Heretic") en machine domestique qui pète une durite accompagnée par Jack Quaid (le Hughie de "The Boys"), propriétaire d’une technologie qui le dépasse. On en salive d’avance avec cette promesse d’un divertissement honnête et avec un peu de chance, ayant de l’âme.

Dans le genre film de science-fiction dans un futur proche, "In vitro" du duo Will Howarth et Tom McKeith qui marque leur second long métrage après "Beast" en 2015, se place à un certain niveau de curiosité. Un couple tente le tout pour le tout pour sauver leur ferme d'élevage quitte à faire des expérimentations biotechnologiques. Pas besoin d’avoir fait Math Sup’ pour comprendre que quelque chose risque de mal tourner et ça nous rappelle les très bons souvenirs en 2006 de "Isolation" de Billy O'Brien, grand prix de la critique à Gérardmer cette année-là avec au programme des fermiers désemparés qui commençaient à donner un peu trop d’OGM à leurs vaches. Digne successeur d’un sous-genre souvent nanardesque ou film étonnant à venir ? Réponse en salle très vite ! Pour aller encore plus loin dans les expérimentations scientifiques, pourquoi pas une machine à remonter le temps ? Et c’est bien l’aventure que nous promet le réalisateur Yannis Veslemes avec "She loves blossomed more" et cette fratrie qui tente de ramener leur mère décédée. Mais les paradoxes temporels et autres dimensions risquent de leur donner du fil à retordre. Intriguant tant le sujet à été essoré par Hollywood et les mauvais films de séries B, mais si il a été sélectionné c’est déjà un indice sur sa qualité intrinsèque. Rappelez-vous, "Coherence" cité plus haut, qui avait un pitch assez classique avec cette histoire de doubles qui se croisent mais n’en restait pas moins une très bonne surprise grâce à l’ingéniosité de son script et son jusqu’au boutisme. En deux mots : on a hâte.

Et pour clôturer cette belle semaine vosgienne nous aurons droit à "Please don’t feed the children" de Destry Allyn Spielberg qui renouera avec cette sensation de fin du monde lorsqu’après l’effondrement de nos systèmes un groupe de jeunes fuit vers le sud avant de se faire recueillir par une dame étrange. Autant par son titre que son pitch, le premier long métrage de la cinéaste nous donne envie d’en savoir plus et quoi de mieux pour finir le festival qu’un film aux accents inattendus? Et un peu hors catégorie nous avons le documentaire "Chain Reaction" de Alexandre O. Philippe qui interroge l’héritage et l'influence sur la pop culture jusqu’à nos inconscients du film traumatique et fondateur de Tobb Hooper, "Massacre à la tronçonneuse". Tout un programme particulièrement joyeux donc.

Pour toute la famille

Évidemment, la spécialité vosgienne de Gérardmer n’est pas constituée seulement de tripes et autres joyeusetés sanguinolentes, mais aussi de menu spécial famille. Le festival a toujours mis en avant également des longs métrages tout public destinés aux plus jeunes pour que chacun profite de l’ambiance des différentes salles. Cette année, et c’est peut être celui qui nous intrigue le plus, "La légende d’Ochi" de Isaiah Saxon avec son animal qui nous rappelle un marsupilami en miniature et son récit initiatique à la clé (comme tout conte d’aventure qui se respecte), le premier long métrage du réalisateur (notamment connu pour ses vidéos clips comme pour Björk) risque de faire l’unanimité autant chez les petits que chez les grands.

Et avec "Okko et les fantômes" de Kitarô Kôsaka, le programme est parfait pour faire aimer les ectoplasmes à nos chers bambins. Okko est une jeune fille qui entre au travail et vit chez sa grand-mère, rencontre des fantômes forts sympathiques qui lui prêteront son aide. Un film bienveillant et tout mignon qui permet d’aborder des thématiques fortes sans impressionner son jeune public. Pour ceux qui préfèrent les monstres rimant avec pyrotechnie, vous trouverez "Creation of the Gods 2 : Demon Force" de Wuershan qui promet son lot d’affrontements d’anthologies et de batailles épiques. Et pour le public qui chercherait des films historiques et premier degré, "Le Maître et Marguerite" de Michael Lockshin est fait pour vous. Histoire d’un écrivain déchu qui rencontre sa muse et créent ensemble des mondes oniriques, le film de Michael Lockshin lui aura valu une interdiction de diffusion en Russie. Coup de com ou bons films politiquement incorrects ? Prenons notre mal en patience, les terres vosgiennes se rapprochent à grand pas.

Les Films Hors compétition

Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur

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