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Berlin 2010 - Bilan - De flocons en étoiles : duos ou trios d'actrices

Pendant 11 jours l’invité surprise du Festival de Berlin 2010, qui fêtait cette année ses 60 ans, fut la neige, tombant presque chaque de manière intermittente La Potzdamer Platz s’était parée de ses couleurs rouges (tapis, chapiteaux…) et des équipes étaient chargées de dégager les trottoirs pour permettre aux festivaliers de circuler. Malgré le froid, les stars ont bel et bien été au rendez-vous de cette édition anniversaire, offrant au festival son lot de première de prestige. De Leornardo Di Caprio à Ben Stiller, de Kate Winslet à Julianne Moore, les américains n’ont pas manqué ce rendez-vous. Bilan d’un festival où chacune des section a tenté de rivaliser en intérêt et originalité, et qui a finalement couronné le charmant film « Miel » (« Bal« ).

Pour son 60ème anniversaire, le Festival de Berlin avait comme toujours, vu les choses en grand, avec près de 150 films présentés sur à peine 11 jours, et surtout une multitude de stars venues défendre leurs films. Mais c'était sans compter sur un invité de charme, rendant certes l'organisation plus difficile: la neige. C'est ainsi que les festivaliers ont pu assister presque chaque jour, au ballet des sableuses et au défilé des ouvriers, marteaux-piqueurs à la main, fracassant la glace accumulée sur les trottoirs. Aperçu des principales étoiles venues arpenter un tapis rouge maculé de blanc, que même des tempêtes de flocons cotonneux n'auraient pu cependant empêcher de briller. Les femmes d'abord...

Annette Bening et Julianne Moore
Quand deux stars majeures militent pour l'homoparentalité

Les cheveux courts, Annette Bening (51 ans, vue dans "Bugsy", "American beauty", "Valmont"), incarne avec fougue, dans le nouveau film de Lisa Cholodenko (réalisatrice de "High art" et "Laurel Canyon"), la plus stable, mais aussi la plus imprégnée de certitudes (et également d'alcool), de deux femmes formant un couple de lesbiennes avec enfants. Sa compagne, Julianne Moore (49 ans, "The hours", "A single man"...), elle, se trouve perturbée par l'arrivée dans l'entourage de sa famille, du donneur de sperme à qui elles doivent leur fille de 18 ans et leur fils de 15 ans.

Osant même certaines scènes casse-gueules (la scène d'amour, stimulée par le visionnement d'un porno gay), les deux actrices participent ainsi à la peinture d'une famille gay dont le mode de vie n'est jamais remis en cause, le scénario préférant se concentrer sur les turbulences engendrées par l'arrivée en son sein d'un étranger irresponsable et interroger la capacité d'un couple à rebondir après une liaison adultère. Au final, comme le titre du film l'indique, ce qui compte est que "The kids are all right", c'est à dire que "les enfants vont bien". Composant un couple crédible, Bening et Moore servent un film qui constitue une ode à la famille, subtile et plutôt hilarante. Car il s'agit avant tout pour chacun de construire sa propre famille, ce qui demande une volonté considérable, des règles et des concessions, avec lesquelles les liens du sang n'ont finalement que peu de rapports directs.

Catherine Keener, Rebecca Hall et Amanda Peet
Entre profit coupable et générosité bridée

Dans "Please give" de Nicole Holofcener, connue en France pour le bavard "Walking and talking", Catherine Keener ("Dans la peau de John Malkovich", "40 ans toujours puceau", "Truman Capote") interprète une antiquaire qui revend des objets et meubles, obtenus auprès des enfants de personnes décédées. Consciente de la réprobation morale qui entoure son activité, elle tente initialement de s'acheter une conduite en donnant au premier venu quelques billets. L'intelligence du scénario est de permettre l'évolution de son personnage, en la confrontant aux petites filles d'une voisine acariâtre (Rebecca Hall et Amanda Peet), au contact desquelles elle prendra conscience de sa nature de vautour et de son incapacité à réellement donner.

Avec tact, le récit stigmatise le profit issu du malheur des autres, dénonce la fausse générosité, bridée par le média "argent", celui qui dédouane, et met en évidence la difficulté à se confronter réellement à la misère, par une implication bénévole. Il titille aussi les femmes là où cela fait mal, interrogeant la spectatrice sur sa capacité à prendre un nouveau départ ou à aborder un tournant lié à l'âge, en abandonnant par exemple un fonctionnement souvent lié au paraître.

Nota : Article rédigé également pour Tendances Magazine

Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur