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PETER JACKSON de A à Z – Partie 1 entre Caméo, Jed Brophy et King Kong

Vous voulez tout savoir de Peter Jackson ? Voici un condensé de tout ce qu’il y a de plus important à connaître sur le réalisateur qui n’est pas seulement celui qui a réussi à donner vie à l’univers de Tolkien. Découverte de A à Z - partie 1 !

A comme "Adventures of Tintin: Prisoners of the Sun (the)" / "Les Aventures de Tintin : Le Temple du Soleil" (2016)

Projet chéri de Steven Spielberg, qui tente d'en réaliser une adaptation depuis plus de trente ans, la saga cinématographique des aventures du reporter intrépide prend forme lorsque le cinéaste s'associe avec Peter Jackson, alors producteur, pour la réalisation d'une trilogie adaptée d'Hergé et créée selon le principe de la performance capture. Pour le second film, reprenant la trame du fameux double-album Les 7 boules de cristal/Le Temple du Soleil, Spielberg laisse sa place à Jackson, avant une éventuelle co-réalisation pour le troisième épisode. Le retour de Tintin et Milou dans les salles est prévu pour 2016.

B comme "Bad Taste" (1987)

Le cinéma selon Peter Jackson, Acte 1. Après une poignée de courts-métrages aujourd'hui invisibles, le jeune et fringuant néo-zélandais se laisse tenter par une aventure plus ambitieuse. Quatre ans d'un tournage épique (principalement dans les alentours de la ville natale de Jackson) donneront vie à ce "Bad Taste" ultra-culte, cas d'école d'un long-métrage amateur qui lancera la carrière de son endurant réalisateur. Comédie fantastique débile et dégueulasse qui voit une poignée de résistants forts en gueule tenter de contrer une invasion d'extraterrestres humanophages, le film est un véritable hymne à la débrouille et au système D, et instaure, malgré son économie de moyens plus qu'évidente, l'art du cinéma selon Jackson : un montage des plus méticuleux, une envie frondeuse de n'en faire qu'à sa tête, une authentique virtuosité de mise en scène et un humour aussi réjouissant que dévastateur. Pour un coup d'essai, c'est presque un coup de maître ! À noter que depuis de nombreuses années, Jackson joue avec l'idée d'un "Bad Taste 2"... Une arlésienne qu'on rêve quand même, secrètement, de découvrir un jour.

C comme Caméo

À l'instar de son idole Alfred Hitchcock, Peter Jackson aime bien faire une apparition dans ses films. Déjà dans le déjanté "Bad Taste", le cinéaste interprétait deux rôles, quasiment les principaux du film, ceux d'un des résistants à l'invasion alien et d'un quidam possédé par les envahisseurs. Lors d'une scène passablement ahurissante, et par la grâce d'un montage virtuose, Jackson va même parvenir à faire cohabiter ses deux rôles, l'un tentant d’assassiner l'autre au sommet d'une falaise ! Passé ce coup d'éclat, le cinéaste se contentera d'une simple figuration, souvent assez marquante. Ainsi, dans "Braindead", il est l'assistant gauche d'un croque-mort vieillissant ; dans "Créatures célestes", il est un poivrot à la sortie d'un cinéma ; dans "Fantômes contre fantômes", il est un punk piercé ; dans "La Communauté de l'anneau", un clochard mangeant une carotte (caméo qu'il retrouvera dans le second volet du "Hobbit") ; dans "Les Deux tours", il défend de sa lance le mur du Gouffre de Helm ; dans "Le Retour du roi", il est un pirate tué par Legolas ; dans "King Kong", il est LE pilote qui abat le Roi Singe à la toute fin ; et dans "Lovely Bones", il est un client à la pharmacie. À noter que Jackson apparaît également (ainsi que Cate Blanchett, incognito) dans le "Hot Fuzz" d'Edgar Wright, dans les habits d'un père Noël particulièrement agressif.

D comme Documenteur ("Forgotten Silver" – 1995)

Le 28 octobre 1995, un documentaire diffusé à la télévision néo-zélandaise crée l'émotion et subjugue son audience : en 53 minutes, Peter Jackson et le documentariste Costa Botes révèlent comment un réalisateur local totalement inconnu du nom de Colin McKenzie aurait, dans l’indifférence générale, révolutionner le cinéma en anticipant tous les bouleversements techniques et narratifs, à l'aube même des débuts du médium. La stupeur est générale, dans les foyers comme dans les institutions, et il faudra attendre le lendemain pour que Jackson révèle la supercherie : "Forgotten Silver" est un canular ! L'idée était en soi géniale, d'autant que le film est très bon, mais à la revoyure, quelque chose de plus personnel se dessine. Au-delà de la blague virtuose, ce portrait d'un artiste isolé, ayant débuté dans l'arrière-cour de la maison familiale pour finir par la réalisation d'un monumental péplum, ne serait-il pas celui de Peter Jackson ? La question mérite d'être posée.

E comme Épouse (Fran Walsh)

« Derrière chaque grand homme se cache une femme... » Cette femme, c'est Fran Walsh, que Peter Jackson rencontre au milieu des années 80, et qui deviendra sa partenaire, sa co-scénariste, et surtout, sa femme. Préférant l'ombre à la lumière, cette néo-zélandaise pure souche a collaboré, depuis le scénario trépident de "Braindead", à l'écriture de TOUS les films de son mari, s'octroyant même, sur le tournage des "Deux tours", un poste de réalisatrice de seconde équipe. C'est également elle qui fut à l'origine des projets, plus intimes, de "Créatures célestes" et "Lovely Bones", sur lesquels son influence féminine n'est pas à démontrer.

F comme "Frighteners (the)" / "Fantômes contre fantômes" (1996)

Après sa trilogie trash et sa sublime déclaration d'amour au fantastique, il fallait s'attendre à ce que Peter Jackson soit courtisé par Hollywood, toujours prompt à récupérer en son sein les talents d'ailleurs. Et s'il bosse un temps sur le sixième épisode de la série de Freddy Krueger, c'est bel et bien grâce à Robert Zemeckis, qui le chapeaute chez Universal, que Jackson peut tourner une comédie fantastique débridée avec Michael J. Fox dans le rôle d'un chasseur d'ectoplasmes. Tourné intégralement en Nouvelle-Zélande, "Fantômes contre fantômes" s’avérera l'un des films les plus incroyables de l'année 1996, un véritable train fantôme aux allures de fable morbide, porté par l'énergie dévastatrice d'une mise en scène de plus en maîtrisée et d'un casting déchaîné comme rarement. Alliant tempo survolté, chorégraphie virtuose, séquences terrifiantes et effets spéciaux dantesques, le film de Jackson, malgré son échec cuisant au box-office, est de ces longs-métrages que l'on revoit avec le plus grand plaisir.

G comme Gore ("Braindead" – 1992)

Le film de tous les extrêmes. Après l'ambition d'un long-métrage tourné sur quatre ans, après l'ambition d'un film de marionnettes dégénérées, Peter Jackson et son équipe (dont Fran Walsh au scénario et l'indispensable Richard Taylor aux effets spéciaux) se lance dans le défi ultime : réaliser le film le plus gore de l'Histoire. Le pari est ambitieux, mais en contant une invasion de zombies en huis clos, Jackson parvient au miracle. Fort d'une logistique dantesque, d'un montage toujours plus virtuose, de gags aussi choquants qu'hilarants, et d'une volonté évidente d'inonder l'écran de gros rouge qui tache, "Braindead" s'imposera sans peine comme la première étape d'une carrière hors norme. Chef d'orchestre de ce jeu de massacre aussi jouissif que foncièrement jusqu'au-boutiste, Jackson ne se refuse rien, rendant hommage aux zombies de Romero ou à son singe roi préféré, tout en délivrant un sous-texte savoureux sur la nécessité de couper le cordon ombilical pour mieux se construire soi-même. Un film tellement extrême et tellement hallucinant que certains, dont l'auteur de ces lignes, ne s'en sont jamais remis, au point de l'avoir déjà vu et revu une bonne trentaine de fois. Un must !

H comme "Heavenly Creatures" / "Créatures célestes" (1994)

Comme rebondir après "Braindead" ? Peter Jackson s'est sans doute posé la question, et de la réponse aura découlé ce beau « petit » film, première étape d'une évolution de carrière abandonnant le gore et le trash pour viser l'émotion et le fantastique dans ce qu'il a de plus noble. Fascinée par un fait divers ayant eu lieu dans l'île dans les années 50 (le meurtre d'une mère par sa fille et son amie), Fran Walsh soumet à son mari l'idée d'un film revenant sur les faits en adoptant le point de vue des deux jeunes meurtrières. L'idée est audacieuse, et ne plaira pas à tout le monde, mais permet surtout à Jackson de s'essayer pour la première fois à la fantasy (il vient tout juste de créer Weta Digital avec Richard Taylor) tout en délivrant un authentique acte de foi envers le genre fantastique. Film intimiste porté par deux actrices en état de grâce (dont la toute jeune Kate Winslet), "Créatures célestes" fustige la société anglo-saxonne des années 50, rigoriste à l'extrême, sans jamais se permettre d'angéliser ses héroïnes. Une œuvre de passion et d'émotion, qui par sa mise en scène aérienne et ses envolées romanesques, bouleverse au plus profond de l'âme et du cœur. Un chef-d’œuvre.

I comme Imaginarium Studios

Acteur anglais méconnu (il apparaît dans "Insomnia" de Christopher Nolan) jusqu'à sa rencontre avec Peter Jackson, Andy Serkis est rapidement devenu l'un de ses pionniers du cinéma moderne, en plus d'un collaborateur régulier du cinéaste. Interprète de Gollum dans la trilogie du "Seigneur des anneaux", Serkis se familiarise très tôt avec le procédé de la performance capture, au point d'en devenir le spécialiste et l'un de ses plus fervents défenseur. Selon ce procédé révolutionnaire, et toujours en partenariat avec les techniciens surdoués de Weta Digital, Serkis interprétera le King Kong en titre du film de 2005, le Capitaine Haddock des "Aventures de Tintin" et son rôle le plus emblématique, celui du héros simiesque des nouvelles "Planète des singes", le chimpanzé Ceasar. Même s'il continue régulièrement d'apparaître sous son vrai visage ("Le Prestige", "Bienvenue au cottage" ou le récent "Cadavres à la pelle" de John Landis), Serkis n'en finit pas de promouvoir la technique qui l'a rendu célèbre, et fonde en 2011 The Imaginarium Studios, dont le but est de former des acteurs et des cinéastes à son utilisation. C'est pour ce studio qu'il s'apprête réaliser son premier long-métrage, qui revisitera le célèbre "Livre de la jungle".

J comme Jed Brophy

C'est l'acteur fétiche de Peter Jackson, et il reste totalement méconnu. Pour le cinéaste néo-zélandais, Brophy est ainsi apparu dans "Braindead" (il y joue Void, le voyou zombifié aux intestins baladeurs), dans "Créatures célestes" (il y joue l'amant de Pauline), dans les trois "Seigneur des anneaux" (en Nazgûl, en Orc ou en cavalier du Rohan), dans "King Kong" (un membre de l'équipage du bateau) et dans les trois "Hobbit" (il y est Nori, l'un des treize nains de l'aventure). Outre les films de Jackson, Jed Brophy a pu également être vu dans le délirant "Tonga Ninja", dans "District 9" ou dans l'inédit "The Warrior's Way". Il fut également cascadeur durant le tournage de "Lovely Bones".

K comme "King Kong" (2005)

Le projet rêvé de Peter Jackson. Après y avoir travaillé longuement à la fin des années 90, le cinéaste voit son rêve de remake annulé par Universal, inquiété par l'arrivée du "Godzilla" de Roland Emmerich. Il faudra le succès de la trilogie du "Seigneur des anneaux" pour que le studio ne propose à nouveau le projet à Jackson, qui en profite pour revoir sa copie, laissant de côté les aspects les plus « aventureux » (voir « indianajonesques ») de son scénario pour en accentuer l'émotion et la poésie. Le résultat ? Un conte grand public porté par une foi sans borne dans le pouvoir du fantastique, des morceaux de bravoure hallucinants (le combat avec les V-Rex), une émotion à fleur de peau (la danse sur le lac gelé) et des effets spéciaux sidérants qui, alliés à la performance d'Andy Serkis, feront de Kong l'un des plus incroyables héros de cinéma jamais vus sur un écran. Peter Jackson peut être fier de son bébé, car il a réussi à rendre le plus bel hommage qui soit à l'un des ses films de chevet, aussi généreux qu'émouvant. Un idéal de blockbuster, en quelque sorte...

L comme "Lovely Bones (the)" / "Lovely Bones" (2009)

Au sortir des tournages pharaoniques des trois "Seigneur des anneaux" et de son "King Kong" si attendu, Peter Jackson éprouve comme le besoin de revenir à un « petit » film, plus proche du sublime "Créatures célestes" que de ses quatre derniers blockbusters. Un « petit » film en apparence seulement, car sous des atours de conte intimiste, cette adaptation du roman La Nostalgie de l'ange d'Alice Sebold tient compte de tout ce que Jackson a pu apprendre en matière de dramaturgie, de croyance en la puissance de l'image cinématographique et d'utilisation des effets spéciaux. À la fois quête intime d'une jeune fille ayant quitté le monde des vivants, récit d'un deuil insurmontable et enquête policière aux détours particulièrement gratinés, "Lovely Bones" dévoile ses trésors d'imagination et d'idées de mise en scène, jouant des couleurs, des motifs visuels, pour mieux y inscrire son désir de cinéma. Porté par des acteurs très impliqués (dont la révélation Saoirse Ronan) et une approche très premier degré de son sujet, le film peut rebuter, mais assoie la réputation de Jackson comme un conteur de premier plan.

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