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LES SANS-DENTS

Un film de Pascal Rabaté

Une bêtise maitrisée

Dans un monde relativement primitif, ce film sans dialogue suit le quotidien d’un petit groupe de marginaux vivant en autarcie dans une grotte aménagée avec toutes sortes d’objets récupérés et recyclés. Un jour, alors qu’ils sont filmés en train de voler des câbles électriques, les membres du clan attirent l’attention de la police qui se met alors sur leur piste…

Les sans dents film movie

Les personnages des "Sans-dents" pourraient être décrits comme un savant mélange entre une communauté d’hommes et de femmes préhistoriques et les Gumbys (personnages idiots inventés par les Monty Python coiffés d’un mouchoir sur la tête et détruisant tout sur leur passage). Car idiots, ils le sont bien, et, qu’ils soient flics ou « sans-dents », ils le sont tous.

Après "Les Petits Ruisseaux", "Ni à vendre ni à louer" et "Du goudron et des plumes", Pascal Rabaté signe l’écriture et la réalisation de cette comédie très satyrique, petite cousine plus gentille d’"Affreux, sales et méchants" d’Ettore Scola, qu’on pourrait rebaptiser pour l’occasion « Affreux, sales mais ayant un bon fond ».

Dès le titre, le message est passé : "Les Sans-dents" est un film au sous-texte politique, ayant en ligne de mire notre société de consommation stupide et acharnée. Bien que vivant dans un bazar proche de la décharge publique, la petite communauté ne peut s’empêcher de récupérer tous les objets qu’il lui est possible de récupérer, avec pour la plupart du temps un même résultat : quelques minutes d’amusement suivi d’une destruction dans les règles de l’art.

Dans ce film entièrement tourné sans dialogues, les personnages de ce drôle de monde parallèle grognent, s’esclaffent, pleurent ou encore marmonnent en guise de toute communication. On sent (et on entend) le gros travail sur le son qui a dû être réalisé, et on accepte autant qu’on apprécie finalement assez vite cette contrainte que le réalisateur s’est fixée. De cette contrainte, justement, découle toute une série de gags visuels un peu inégaux, mais ayant l’avantage de mettre tous ces personnages sur un même plan d’égalité en termes de bêtise.

Quelques longueurs traversent cependant le film, qui s’emploie à décrire par le menu le quotidien de la communauté dans une volonté de gêner son spectateur à grands coups de vomis et de traces de gras. Un film donc poisseux et un peu poussiéreux par moment, qui plaira sûrement aux nostalgiques de l’humour irrévérencieux de "La Grande Bouffe" de Marco Ferreri, et peut-être même à ceux regrettant un temps où « on pouvait rire de tout », et surtout de ce qui pouvait choquer.

À trop utiliser la caricature, le long métrage s’enlise dans son propre style et devient un peu caricatural dans son message : les sans-dents sont certes bêtes, sales et bestiaux, mais ils ont du cœur contrairement à la police qui est elle aussi bête mais maniaque et intransigeante. On appréciera néanmoins les prestations de François Morel en redoutable chef de police ayant remplacé la cigarette au bec par la touillette en plastique, et son trio d’agents (Olivier Parenty, démultiplié), dignes héritiers d’une version plus bête des Dupont et Dupond.

Rédactrice également membre du LYF

Amande DionneEnvoyer un message au rédacteur

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