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8 RUE DE L'HUMANITÉ

Un film de Dany Boon

En riant trop peu, on ne pense qu’au vide

Pendant le premier confinement dû à la pandémie de Covid-19, les habitants d’un immeuble parisien tentent de composer avec cette situation inédite…

Sortie le 20 octobre 2021 sur Netflix

Visiblement frustré par l’expérience du confinement, Dany Boon tente d’en tirer quelque chose artistiquement et humoristiquement, avec un quasi huis clos (quelques scènes sous attestation…) et un récit choral brossant à peu près toute la variété des expériences individuelles et collectives que l’on a connues durant cette période. Cela va donc de l’hypochondriaque parano (Dany Boon lui-même, en sur-régime) à l’égoïste sceptique et quasi complotiste (François Damiens, plutôt fidèle à lui-même), en passant par les jeunes plus ou moins superficiels qui tentent d’exister sur les réseaux sociaux (Alison Wheeler et Tom Leeb, dont on reparle plus bas), le savant fou vaguement raoultien (Yvan Attal, étonnant dans ce registre mais lourdingue sur la longueur), l’avocate essayant de ménager la chèvre et le chou (Laurence Arné, aussi coscénariste avec Boon, un peu trop lisse dans son jeu), la patronne de bar désabusée mais au grand cœur (Liliane Rovère, très juste) ou encore la docteure dévouée à la limite du burn out (Nawell Madani, mal exploitée). Au milieu de tout ça, des enfants conservent leur capacité à rêver (Milo Machado Graner et Rose de Kervenoaël, respectivement vus dans la série "En thérapie" et dans le film "Le Sens de la famille") et apportent son lot de tendresse au récit.

L’ensemble est plutôt gentillet et se montre relativement fluide malgré un scénario sans subtilité (merci sans doute au monteur, Hervé de Luze, qui n’est pas le premier venu !). Mais au lieu d’avoir l’illusion d’aller au cinéma sur son canapé (c’est le principe de Netflix, non ?), on se croit plutôt devant une suite de sketchs sortis des shortcoms "Scènes de ménages" (M6) et "Nos chers voisins" (TF1). Les gags et répliques sont ainsi d’une qualité très inégale, et c’est la plupart du temps médiocre ou lourdaud.

Outre les bons sentiments (après tout, ça ne fait pas de mal), on pourra sauver quelques éléments éparpillés. On retiendra par exemple le couple formé par Alison Wheeler et Tom Lee (la première espérant la gloire en entonnant toujours la même chanson, intitulée "Pandémie" ; le second se rêvant coach sportif tombeur de ces dames) ou la scène durant laquelle apparaît Élie Semoun, avec un François Damiens faisant des allers-retours en 4x4 dans la cour de l’immeuble. Mais pour l’essentiel, on oubliera.

Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur

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